Le recrutement des enseignants par concours menacé

Transmis à la presse, le rapport provisoire issu de la mission
parlementaire Grosperrin sur « la formation initiale et le recrutement
des enseignants » constitue une véritable provocation concernant la formation des enseignants et leurs statuts. Le SNESUP s’exprime contre ce texte :

Le rapport ne propose rien de moins que la suppression du recrutement
par concours, qui serait remplacé « d’ici 10 à 15 ans » par un
recrutement de titulaires d’un master au niveau académique ou des
établissements, confirmant ainsi une forme d’extension de la loi LRU à
l’enseignement scolaire.

Ce rapport propose de fixer les épreuves d’admissibilité – à dimension
académique – en fin de licence et les épreuves d’admission –
professionnelles – en fin de Master, entretenant ainsi une fracture entre
formation académique et formation professionnelle.

La proposition d’un « numerus clausus » en M1, fonction du nombre de
postes au concours, irait dans le le sens de l’instauration de la
séilection en Master, que le SNESUP refuse. Ce ne sont pas les
hypothétiques dispositifs d’aide sociale aux étudiants dont on ne sait ni
le montant, ni qui ils concerneraient qui pourraient se substituer à de
réels pré-recrutements.

Dès maintenant, plutôt que de proposer des professeurs expérimentés dans
les zones d’éducation prioritaire, un contrat serait proposé aux nouveaux
enseignanIts pour les inciter à y exercer.

Les propositions concernant le contenu de la formation insistent sur des
« éléments de pédagogie » déconnectés du contexte disciplinaire et
s’étend sur les problématiques transversales, au détriment des savoirs
disciplinaires et didactiques.

Il s’agirait aussi de transférer la responsabilité de la formation
professionnelle des universités aux acteurs sur le terrain. De plus,
serait créé une haute autorité chargée de prescrire et d’évaluer sur le
modèle de la médecine, mettant en péril les libertés pédagogiques des
enseignants.

Le rapport préconise aussi la suppression de l’Agrégation externe ;
l’intervention des agrégés serait limité au Bac-3, Bac+3 contribuant
ainsi, dans le prolongement de la vision ministérielle de la licence, à
fragiliser le lien enseignement-recherche dès la licence.

Quant aux IUFM, vivement décriés sans qu’il y ait eu de bilan analytique
et contradictoire comme le réclame le SNESUP, les éléments du rapport ne
leur voient un rôle éventuel que dans le cadre de pôles universitaires de
proximité (PUP).

Après la pulvérisation de la formation des enseignants en 2009, ces
propositions – loin d’apporter des remèdes – en aggraveraient encore les
effets désastreux.
C’est l’avenir des jeunes qui est en cause.