Tracer un chemin pour un autre projet de société, social, féministe, antiraciste et écologiste

Nous vivons une époque très troublée au niveau mondial, par la pandémie et les conflits qui se multiplient sur la planète et dont on peine à voir la fin. Nous vivons aussi une époque très trouble politiquement en France, où la frontière devient très floue entre les partis de droite qui étaient, dans le monde d’avant, considérés comme républicains et ceux d’extrême-droite, qui ne l’étaient pas.


La surenchère politique à laquelle nous assistons ces derniers temps, sur les sujets favoris de l’extrême droite, comme les aspects sécuritaires ou l’islam, alimente le réservoir des électeurs potentiels du RN, au lieu de le vider, comme semblaient l’espérer certains… Le 19 mai a été un jour d’attaques inconcevables contre la séparation des pouvoirs en France, surtout venant de représentants de partis dit républicains, voire même dits de gauche ! Ce jour-là, justement, un sondage  très inquiétant publié par Challenges laisse penser que le fond de l’air est brun pour 2022…

Et cela d’autant que le creusement des inégalités sociales en France avec la pandémie est indécent, comme l’ont encore pointé récemment le rapport ATTAC Oxfam, ou l’Observatoire des inégalités, ce qui alimente encore le désespoir social. Le capitalisme prouve à nouveau sa nocivité économique: le CAC40 versera plus de dividendes pour 2020 que le montant des bénéfices réalisés par les entreprises ! Pendant ce temps-là, la situation des privé·es d’emploi va encore se dégrader à partir du 1er juillet avec la réforme de l’assurance chômage. Les conséquences économiques et sociales de la crise sanitaire vont provoquer des situations de détresse terrible parmi la population et la jeunesse.

Aux USA, pour sortir de la crise, le nouveau président, qui est pourtant loin d’un idéologue révolutionnaire, propose une imposition minimale mondiale des entreprises, de taxer les riches, de lever les brevets sur les vaccins. L’Union Européenne, elle, s’accroche au dogme néolibéral. Elle refuse la levée des brevets sur les vaccins. Macron, lui, après l’avoir refusée aussi, cherche à gagner désormais du temps face à la pression qui augmente, en renvoyant la question à fin 2021. Il refuse aussi de revenir sur les exonérations massives d’impôts consenties aux plus riches depuis 2017 (sans parler de celles d’avant!).

Alors, devant un tableau si sombre, que faire ? Bien sûr, ce n’est pas la FSU seule qui pourra faire changer les choses. Mais à notre niveau, il nous faut agir, dans notre champ, mais aussi par la voie du travail intersyndical en lien avec des associations, en s’appuyant à la fois sur les mobilisations comme sur le cadre original de « Plus jamais ça », pour peser sur la campagne électorale de 2022 déjà largement engagée. Et bien sûr, il nous faut participer au travail contre les idées d’extrême-droite dans un cadre plus large encore, dont le 12 juin est une première étape bienvenue. Aux yeux de l’EE, il est préférable pour la FSU de se trouver associée à des partis politiques dans ce cadre qui rassemble quasiment toute la gauche, que dans celui du 19 mai ! 

Préparer la rentrée sociale est également une nécessité absolue : il nous faut ramener la question de la justice sociale et du progrès social au coeur des débats. L’interpro projette une mobilisation en septembre, nous devons la préparer dès maintenant.
La disponibilité pour les mobilisations existe, comme l’ont encore prouvé les manifestations du 1er mai, ou les manifestations du mouvement des retraités le 31 mars,malgré les conditions sanitaires. 
Dans notre secteur, préparer la mobilisation suppose de proposer aux collègues des actions qui les impliquent directement. Mais l’action intersyndicale du 15 juin dans la fonction publique ne semble, pas plus que celle du 6 avril, s’acheminer vers des modalités associant largement les collègues. Il est donc à craindre qu’elle ne connaisse le même sort, les équipes militantes n’y investiront pas un temps précieux et rare. Nous avons donc à travailler sur les modalités à proposer.

Mais si l’on en croit le sondage IFOP-L’Humanité paru le 15 mai, les Français·es sont massivement favorables à un grand plan de réinvestissement dans les services publics. Il nous donc faut utiliser cette prise de conscience de l’utilité des services publics, permise par la pandémie, pour mobiliser largement personnels et usager·es sur nos revendications de moyens et de postes de fonctionnaires pour les services publics. Nous devons donc poursuivre et amplifier ce travail à tous les niveaux dans un cadre associant les organisations syndicales et les collectifs d’usager·es qui partagent nos valeurs.

Plus généralement, à tous niveaux, la FSU doit poursuivre dans cette voie du travail avec des collectifs ou associations partageant nos valeurs, et développer ses liens avec la CGT et Solidaires pour avancer ensemble dans la construction d’un nouvel outil syndical. C’est cela qui permettra, entre autres, de contrer l’offensive libérale autoritaire et de tracer un chemin pour un autre projet de société, social, féministe, antiraciste et écologiste.