Adrien Martinez : face à l’austérité, construire pas à pas les mobilisations

Le 5 juillet dernier, le peuple grec, à près de 62 % disait non à la proposition faite par ce qu’il est convenu d’appeler les Institutions (UE, BCE, FMI). Pour la seconde fois en moins de 6 mois, il refusait la logique mémorandaire, ces politiques d’austérité qui depuis 5 ans ont fait chuté les salaires de 38 %, les retraites de 45 %, ont multiplié par 3 le taux de chômage , ont fait doubler le taux de pauvreté et ont provoqué l’effondrement du PIB de près de 25 %, et amener le poids de la dette à 175 %.

La réponse des Institutions est cinglante. Après avoir organisé l’asphyxie de l’économie grecque, l’eurogroupe impose au gouvernement un texte aggravant les politiques d’austérité subies et piétinant l’expression du peuple. Citons quelques mesures : augmentation des impôts indirects, y compris ceux supportés par les bas revenus, diminution des retraites et allongement de la durée de cotisation, poursuite de la déréglementation du droit du travail avec facilitation des licenciements… Un plan de privatisation de 50 milliards d’€ avec vente d’îles, de ports, d’aéroports, des infrastructures publiques, des entreprises de téléphonie et de production d’énergie… Une poursuite de la mise sous tutelle et du déni de démocratie avec abandon de toutes les dispositions votées depuis février que les Institutions jugeraient contraires au mémorandum, et la limitation du pouvoir législatif au profit des créanciers. Et enfin une accumulation de nouvelles dettes, alors que la commission pour la Vérité sur la Dette publique a établi que la dette réclamée par les actuels créanciers,, dont seulement 26 milliards sur les 270 milliards prêtés a bénéficié aux gouvernement grec, doit être considérée comme illégitime, illégale et odieuse.

Les conséquences seront évidentes : salaires et retraites vont continuer à diminuer. Les taux de pauvreté et de chômage vont s’envoler dans un pays où l’état de santé de la population est déjà digne d’un pays en état de guerre.

Tout ça pour quoi ?

L’oxfam dans une enquête rendue publique en janvier dernier déclare qu’en 2016 les 1 % les plus riches posséderont autant que les 99 % restants. Les 80 personnes les plus riches possèdent aujourd’hui autant que 3,7 milliards d’individus, soit la moitié de la population mondiale. Les 20 % les plus riches accaparent 94,5 % des richesses.

En France, les 6000 personnes les plus riches gagnent en moyenne 60 années de SMIC, et leurs revenus ont progressé de 43 % en sept ans. Dans le même temps, les 10 % les plus pauvres ont vu leur niveau de vie baisser de 6,2 %.

Les politiques d’austérité sont une volonté de conquête, de captation toujours plus grande des richesses par ceux qui ont déjà le plus. Quitte à ruiner les peuples. Quitte à nier la démocratie.

C’est ce que les dirigeants de la zone euro, dont le gouvernement français, ont fait à la Grèce, les années passées et une nouvelle fois cet été. C’est ce que les politiques menées en France font, en s’attaquant aux retraites, aux salaires ou au droit du travail, en poursuivant la libéralisation de l’économie, en restreignant l’espace des services publics comme avec les lois Macron et Rebsamen adoptées cet été.

Tout cela nous renseigne sur le niveau d’affrontement auquel sont prêts les plus riches pour poursuivre leur entreprise de captation des richesses et donc le niveau auquel il faut s’élever en face. Tout cela nous dit aussi que des peuples se réveillent. Et ça c’est notre affaire. Avec plusieurs niveaux d’enjeux dont chacun est indispensable pour faire que ce qui est notre affaire soit l’affaire de tous. Tout d’abord dévoiler à la profession ce que sont ces politiques d’austérité et à qui elles servent. Ensuite participer de la construction au niveau européen, des solidarités et des mobilisations contre ce monstre que sont devenues les institutions européennes. Et enfin en France, construire pas à pas les mobilisations pour imposer les alternatives favorables aux peuples, au salariat, aux service publics. Sur ce chemin, qui est un vrai choix syndical, la journée d’action du 8 octobre contre les politiques d’austérité et les mobilisations indispensables sur le budget sont autant d’étapes pour qu’ici aussi, un peuple se réveille.