Stages et réunions publiques : faire vivre l’Ecole Emancipée localement

L’équipe Ecole Emancipée de Rouen (sd 76 et 27) organise chaque année un stage au niveau académique. Le label «stage» permet aux inscrit-es de participer sur le temps de travail à ces journées de réflexion qui rassemblent assez largement tous les ans (environ 60 personnes).

Les 3 et 4 avril derniers, nous avons abordé des sujets différents, sociétaux, éducatifs ou économiques. Le fait d’ouvrir la réflexion à des thèmes larges et proches de l’actualité est très apprécié par les participant-es : il n’est en général pas fréquent de trouver cette ouverture dans les stages organisés par nos syndicats… Le stage annuel de l’Ecole Emancipée est donc un rendez-vous important, et l’audience dépasse évidemment les seuls militant-es de la tendance.

Nous avons souhaité traiter cette année de la presse et des médias, ce pouvoir incontestable et pourtant tellement verrouillé à l’interne… Nous avons accueilli Emmanuel Vire, secrétaire général du SNJ-CGT, qui nous a expliqué en quoi le statut des journalistes était censé, à la base, garantir leur indépendance, et comment cette dernière était aujourd’hui bafouée : il a mis l’accent sur la précarisation croissante du métier, et donc sur les attaques portées au statut, ainsi que sur l’aspect politique de la maîtrise de l’information… Enjeu important pour le pouvoir, l’information est trop souvent au service des intérêts économiques des grands groupes et des pouvoirs politiques en place.

La crise est un thème récurrent des stages Ecole Emancipée de l’académie : nous avons déjà par le passé cherché à comprendre les mécanismes à l’œuvre, les facteurs économiques, financiers, politiques de la crise que nous vivons… Cette année, c’est la question des peuples qui était au cœur des débats, et Frédéric Lemaire (ATTAC) a mis l’accent sur les conséquences de l’austérité sur les populations, dans leur quotidien : chômage, absence de protection sociale, limitation des droits sociaux… mais aussi inquiétude très forte en ce qui concerne une montée en puissance d’une idéologie d’extrême droite proche du fascisme, dont la xénophobie et le repli communautaire sont les fonds de commerce. Les initiatives de solidarité citoyenne qui voient le jour en Grèce, au Portugal, sont un moteur et un espoir très forts pour ces peuples martyrisés ; mais on ne peut que déplorer que les manifestations et actions européennes pour combattre les politiques d’austérité soient pour l’instant limitées, et par conséquent totalement inefficaces. Le débat s’est en effet heurté à l’absence d’alternatives, tant en termes de propositions économiques que de perspectives de mobilisations convergentes…

Il n’était pas envisageable de ne pas traiter de l’éducation : les militant-es de l’Ecole Emancipée ont animé un débat en partant de trois présentations, ciblant des nœuds de la question éducative aujourd’hui. Le socle, tout d’abord, est une notion incontournable de la loi d’orientation puisque Peillon organise autour de lui toute la scolarité obligatoire, et qu’en prenant appui sur l’école du socle, il entérine l’école « coupée en deux », limitée au socle pour certains…
Il fallait donc revenir sur cette notion et expliquer en quoi nous étions résolument opposés à la notion de « socle », même avec l’ajout du mot « culture » dans ses attributions.
Le numérique ensuite est un sujet qui a entraîné un débat assez vif : présent dans la loi d’orientation, cette notion transversale pose beaucoup plus de questions qu’il n’y paraît : missions des personnels, temps de travail, pratiques pédagogiques, apport cognitif pour les élèves, égalité d’accès sur le territoire, fichage des données, etc. Outre le fait partagé lors du débat du danger de marchandisation de l’éducation, les avis sur la question étaient variés… Cette diversité révèle aussi une absence de réflexion syndicale sur la question, et donc un retard à combler d’urgence. Enfin, les ESPE (Ecoles Supérieures du Professorat et de l’Education) ont fait l’objet d’un point de débat intéressant, ainsi que la loi Enseignement Supérieur et Recherche, qui fait écho, à travers l’autonomie et la gouvernance notamment, à toutes les préoccupations qui traversent les premier et second degrés…

Ces deux journées sont riches en débats et en réflexion : ce stage est aussi l’occasion de populariser le travail de la tendance, de diffuser la revue, de faire des abonné-es aussi, et des cotisant-es à l’Ecole Emancipée. C’est aussi l’occasion de moments de convivialité irremplaçables !

[(Dans le but de généraliser de telles initiatives, l’Equipe Responsable propose son aide à tous les camarades qui le souhaitent : animation de débats, recherche d’intervenants, coups de main à l’organisation pratique de tels stages… N’hésitez donc pas à faire appel à elle…)]

Véronique Ponvert

veronique.ponvert@orange.fr