Evaluation des élèves : pour un changement de paradigme.

Comment évaluer les élèves ? Cette question, qui pourrait apparaître purement pédagogique, a fait son entrée dans le champ politique depuis la loi Fillon de 2005 et la mise en place du socle commun, qui institutionnalise une évaluation des élèves par « compétences » dans le LPC.
Je ne m’étendrai pas ici sur le fait bien connu que ce terme de « compétences » vient directement du monde de l’entreprise, et qu’il s’agit bien avec le LPC d’aligner les « grilles d’évaluation » scolaire sur les « référentiels de compétences » qu’emploient les services de ressources humaines. Il appartient donc au SNES de banir ce terme de son vocabulaire.

Le SNES doit aussi renouveler fermement son appel à neutraliser le LPC en validant tous les élèves, afin de soutenir les nombreuses équipes engagées dans cette voie l’an dernier.

Il n’en reste pas moins qu’il nous faut nous emparer de cette question de l’évaluation des élèves.

Comme le montrent J-Y Rochex et l’équipe Escol, les inégalités scolaires se forgent aussi dans la pratique quotidienne de la classe et je me permets d’affirmer que l’évaluation des élèves y joue un rôle.

Ainsi, nous devons réfléchir à la façon dont peut se mettre en oeuvre une évaluation qui donne du sens aux apprentissages, permet aux élèves d’être acteurs de leur scolarité et renvoie aux élèves une image positive d’eux-mêmes, non-stigmatisante.

Le LPC ne permet pas cela.

Cette évaluation nécessiterait aussi de militer pour un changement de regard sur les élèves, les appréhendant effectivement comme des êtres « en devenir », tous éducables, ayant tous les capacités d’acquérir une culture commune, mais aussi chacun des goûts, des sensibilités, des aptitudes particulières, et aussi sans doute à des rythmes et selon des chemins et par des moyens qui peuvent varier sensiblement.

Il ne s ‘agirait pas d’individualiser les parcours, mais de mettre en œuvre une pédagogie qui favorisent toutes les façons d’appréhender l’école et les savoirs.
Plus que de «  repérer les réussites, de valoriser les progrès », l’enjeu est de faire de l’évaluation un instrument de la réussite des élèves. Et il ne s’agit pas de démagogie ! La scolarité obligatoire revendiquée par le SNES ne doit pas être une école de la sélection. Et nous devons absolument sortir de cette ambiguité.

Dès lors, la question posée reste celle-ci : une évaluation des élèves non-selective, qui ne classe pas les élèves est-elle possible ?

Loïc.