Véronique Ponvert : intervention générale

Donner une appréciation tranchée de la période est chose impossible, tant elle est faite de contradictions : il n’y a pas lieu de se réjouir outre mesure, tout le monde en conviendra, mais même si tout n’est pas simple et tout n’est pas satisfaisant, nous avons malgré tout des points d’appui et des atouts…

En premier lieu, au terme de cette première année Macron, ce qu’il faut retenir, ce sont les mouvements sociaux. Nombreux, déterminés… En cause, bien sûr, la brutalité des attaques de ce gvt et le fait que tous les secteurs sont touchés. Il n’empêche : tous répondent aux coups portés, et c’est très positif : il y a une véritable réactivité et une vitalité du mvt social, c’est indéniablement un atout (rappelons-nous une époque pas si lointaine, sous Hollande, où l’atonie, la résignation régnaient…). Alors que récemment, sans remonter très loin, on a eu la lutte unitaire des retraités, la lutte exemplaire des cheminots (unité, durée, rythme…), la lutte dans la FP (unitaire, 3 jours de grève), et aussi celle des personnels des ehpad, de la justice, de la santé, de la Poste, de carrefour et autres boîtes du privé … Ni résignation, ni adhésion à la politique de Macron pour une large partie de la population. Au contraire, c’est l’opposition qui s’exprime, et c’est positif.
C’est positif, mais tout n’est pas parfait : ces mvts sociaux existent, mais ils ne sont pas aussi massifs qu’on le voudrait. Il y a encore du travail à faire pour convaincre autour de nous, il nous faut déconstruire le discours dominant, et stopper une idéologie libérale qui gagne peu à peu certains esprits. Surtout, il faut convaincre qu’on peut gagner, et convaincre que les alternatives existent… 

Et ce n’est pas facile. Dans la FP, le 22 mai a été décevant, alors même que l’unité syndicale était totale, à 9 : il faut que nous travaillions ensemble à en analyser les raisons. Enfin, le 26, mobilisation d’un type nouveau, n’a pas été ridicule loin de là, mais pas la marée populaire à la hauteur des espérances non plus… C’est la même séquence sociale, et le mois de mai n’a pas été celui de l’amplification des mouvements sociaux.

Ce n’est donc ni parfait, ni facile : néanmoins, le climat social est à la résistance. Sur le 22 et le 26, il y a déception, c’est vrai, mais il n’y a aucun « renoncement », mais bien une mobilisation malgré tout. Petit à petit, nous construisons l’opposition à Macron et à sa politique. Nous connaissons son pouvoir de nuisance : destruction du modèle social et en particulier les SP, guerre de classes (les aides sociales dans le viseur, rien pour les banlieues, réforme des retraites bientôt), alors toutes les pierres que nous ajoutons pour construire un rempart contre ces attaques sont autant de petites touches qui fragilisent son projet. Car Macron n’a pas de soutien solide : le sondage ipsos-cevipof de début mai nous dit que 68% des sondés sont insatisfaits de sa politique.

Alors oui, il faut enfoncer le clou et poursuivre la fragilisation à l’œuvre, et on ne part pas de rien. Je veux faire un rapide retour sur le 26 mai, j’ai dit que ce n’était pas une complète réussite : néanmoins, même si ça ne règle pas par miracle les contradictions de la période, c’est une belle dynamique qui s’est enclenchée, et globalement, c’est un premier jalon posé , une initiative menée avec une unité large, avec nos partenaires du syndicalisme de transfo sociale, mais aussi avec des associations avec lesquelles nous partageons un bon nombre de combats citoyens, et avec des partis politiques qui représentent l’opposition à ce gouvernement. Une unité peut-être un peu nouvelle pour nous, mais qui s’est faite dans le respect de toutes les composantes, sans instrumentalisation… une unité en tout cas nécessaire pour construire une résistance, préparer l’avenir et permettre d’autres choix. Une unité qui donne du sens à nos combats : les citoyens ne comprennent pas que chacun aille en ordre dispersé mener son combat contre le libéralisme : là, nous pouvons rassembler, nous avons commencé à le faire le 26 ; alors, il faut qu’on maintienne ce cap, c’est-à-dire construire l’opposition, pour fragiliser ce gouvernement et gagner contre sa politique.