Cécile Ropiteaux (SNUipp) sur les questions de genre et offensives réactionnaires

Le libéralisme économique s’accommode très bien du conservatisme des mœurs. Ne sous-estimons pas les offensives de l’ordre moral contre l’émancipation des femmes, surtout en période de crise. Parmi elles, le retour en force de l’essentialisme et de la pseudo « différence des sexes ».

Si on inculque aux filles qu’elles sont surtout destinées à être mères, alors on les condamne plus ou moins à la sphère domestique, on entérine comme une fatalité leur cantonnement dans des métiers moins rémunérateurs qui relèveraient de leurs compétences prétendument « innées » à s’occuper des autres, ainsi que les temps partiels et les interruptions de carrière qui amoindriront encore leurs retraites. Ces questions sont éminemment syndicales.

Les normes de genre et le modèle viriliste sont également des contraintes pour les garçons, et peuvent générer des souffrances chez nombre de jeunes.

Les ABCD de l’égalité à l’école primaire devaient œuvrer à déconstruire ces stéréotypes.

Mais la manif pour tous, le printemps français, les journées de retrait de l’école se sont attaqués à l’école publique, colportant rumeurs et mensonges outranciers, reprenant l’épouvantail d’une prétendue « théorie du genre ». J’apprends ce matin que les écoles parisiennes auraient reçu une brochure des vigigender ! Ils s’en sont pris aussi au SNUipp-FSU pour notre travail contre l’homophobie, taguant plusieurs permanences et nous traitant d’assassins d’enfants sur internet…

Face à cette vague réactionnaire, on attendait du courage de la part du ministère de l’éducation et non des reculs frileux : Peillon en a banni le mot « genre », Hamon a enterré les ABCD, Vallaud-Belkacem n’a de volonté que celle d’apaiser la situation…

La manif pour tous a causé d’autres dommages. Déjà sur leurs propres enfants, qu’ils ont traînés dans ces cortèges de la haine, incapables de penser aux ravages que cela occasionnera chez celles et ceux de ces jeunes qui se découvriront LGBT à l’adolescence, et qui le vivront d’autant plus douloureusement.

A travers leurs slogans simplistes affirmant qu’« une famille, c’est un papa et une maman », ils ont nié la réalité sociale de la diversité, fragilisant l’estime de soi de tous les enfants qui grandissent dans des familles homoparentales, ou bien recomposées, ou monoparentales.

En tant que syndicalistes, professionnel-les de l’éducation, luttons contre toutes les dominations et les hiérarchies, contribuons à promouvoir une culture de la diversité et de l’égalité. Face aux extrêmes droites, il est temps de repasser à l’offensive idéologique !