Un congrès pour passer à l’action

Les travaux du congrès du SNES sont fortement dépendants de la date à laquelle il se déroule : 23 mois après l’élection de François Hollande, 15 jours après la journée d’action et de grève du 18 mars, au lendemain du deuxième tour des élections municipales.

Depuis deux ans, la politique du gouvernement s’en est prise aux salarié-es et aux plus précaires dans notre société, distribuant des cadeaux au patronat qui n’en espérait pas tant : Accord National Interprofessionnel (ANI) qui s’est traduit par une loi modifiant le code du travail et facilitant les licenciements ; nouvelle loi sur les retraites ; gel du point d’indice des traitements des fonctionnaires ; poursuite d’une politique de réduction des services publics et de l’emploi public ; augmentation de l’impôt le plus injuste qui soit, la TVA ; jusqu’au tout récent « pacte de responsabilité » qui prend la forme de 30 milliards d’Euros de cadeau au patronat… les exemples sont nombreux et la liste est lourde.

Dans ce contexte d’attaques renouvelées, l’atonie du mouvement syndical et social a été frappante. Des rassemblements épars, des journées « d’action et de grèves » sans lendemain, des semaines d’action Fonction Publique passant quasiment inaperçues, jamais il n’y a eu le vrai désir d’une construction d’un mouvement social revendicatif capable de s’opposer à la succession de mesures anti-sociales.

Certes, la rue a bien été animée et parfois entendue par le gouvernement, mais elle l’a été par les réactionnaires de tout poil – extrême-droite, droite radicale – qui s’en prennent aux droits des femmes, au droit des individus à vivre leur sexualité dans le respect et l’égalité des droits. Les « manifs pour tous » sont des manifs contre tous, contre nous.

Depuis deux ans, le SNES négocie dans les ministères avec pour principal objectif de limiter l’influence du SGEN et de l’UNSA. Jamais il n’a fait appel à la profession pour construire, dans la rue, un rapport de force, permettant d’obtenir de véritables avancées.

Le dernier exemple en date est significatif : dans le contexte de l’ouverture de discussions sur le métier, plutôt que d’organiser la mobilisation de la profession pour imposer une réduction du temps de travail et une amélioration des conditions de travail pour tous et toutes, la direction du SNES a préféré négocier à froid pour engranger des modifications par rapport au projet gouvernemental initial, modifications qui, au final, ne représentent aucun progrès par rapport aux statuts de 1950.

Pour l’éé, le but de ce congrès, c’est d’obtenir une rupture avec cette politique pour le moins attentiste du SNES. Premier syndicat du second degré, le SNES ne peut se contenter de se déterminer par rapport aux prochaines élections professionnelles.

Après avoir répété pendant deux ans que la profession n’était pas prête à se mobiliser, que les négociations permettaient des « avancées », notre syndicat doit se lancer vraiment dans les batailles à venir : obtenir une réduction du temps de travail pour tous, un recrutement à la hauteur des ambitions nécessaires pour le service public d’Éducation Nationale, une amélioration des conditions de travail et d’études, une vraie politique pour les élèves en difficulté… les chantiers sont nombreux !

Les premières mobilisations contre les restrictions des moyens, dans le 92, dans le 93, à Aix-Marseille, dans le Var, ailleurs, doivent être le signal d’un changement de position du syndicat.

Il est temps au niveau national de prendre la rue à notre tour, pour l’Education, pour les salarié-es, pour la société. Continuer d’attendre et de laisser faire le gouvernement ne peut que renforcer le camp de la droite dure et de l’extrême droite.

Le SNES, dans et avec la FSU, doit multiplier les initiatives en ce sens.
C’est, pour les militants École Émancipée du SNES, l’enjeu de ce congrès.

C’est pour cela que les délégués éé pèse-ront de toutes leurs forces pour que le SNES prenne enfin une nouvelle direction : celle des mobilisations ! ●