Grève à Aubervilliers, et après ?

Ce qui donne sens à la très grosse grève d’Aubervilliers, comme aux débuts de mobilisations ici et là (Toulouse, Oise, Paris…) mais aussi au fait que les collègues râlent fort sur la consultation sur les programmes et sur l’éducation prioritaire (modalités et utilité), c’est un ras le bol qui se généralise sur la question des conditions de travail dans un contexte où tout continue comme avant (effectifs, Rased, injonctions hiérarchiques, caporalisme, contrôle voire flicage…) voire même se dégrade (mercredi après midi travaillés, …).

Ce n’est pas seulement le mercredi matin travaillé ou le “bordel” sur les 4 jours et demi qui a mis 9 collègues sur 10 en grève à Aubervilliers le 3 octobre (400 PE sur la ville et sachant que de plus les non grévistes ont rejoint le rassemblement à midi…). Les rythmes, c’est le “trop”, ce qui devient insupportable et qui constitue une “cible” commune sur laquelle les collègues peuvent cogner. Et cela ne concerne pas seulement des villes “pauvres” avec un périscolaire de “pauvres” comme Aubervilliers. A Paris aussi, la colère monte.

Pour une raison simple. Cette “réforme” conduit à ce que le périscolaire devienne en quelque sorte prioritaire sur le temps scolaire. On commence à s’apercevoir, ici et là, que non seulement enseignant-es et élèves n’y trouvent aucun bénéfice mais plus grave, vivent un empêchement à faire fonctionner le temps scolaire en toute sérénité. Ce qui remonte, c’est un sentiment de “déprofessionnalisation” de notre métier.

Cette exaspération se développe pour l’instant dans les secteurs qui sont passés à 4 jours et demi. Pour les autres, (la grande majorité des écoles), la “date butoir” approchant sous les injonctions des Dasen, on peut penser que la “colère” va monter.

Dans ces conditions, le rôle du syndicat majoritaire c’est de l’organiser pour faire avancer ses revendications : ni un statu quo Darcos, ni un bricolage à la sauce Peillon. Il faut obtenir l’accord des enseignant-es, l’égalité entre les territoires, de la souplesse au contraire du carcan qu’impose le décret et la “sanctuarisation” des mercredis après-midi.

Il nous faut continuer de faire signer le plus massivement possible la pétition (malgré ses limites). Mais cela ne suffira pas…

Il faut maintenant que le SNUipp-FSU hausse le ton, sous la forme d’un ultimatum à Peillon qui reste “droit dans ses bottes” et construise avec les personnels la mobilisation qui sera nécessaire pour que s’ouvrent sans attendre des concertations dans les communes “qui sont passées” pour obtenir des mesures transitoires et plus généralement pour contraindre le ministère à remettre le décret sur la table.

La question qui est clairement posée aujourd’hui au SNUipp-FSU est donc celle de la construction du rapport de force à la hauteur d’une grève nationale pour non seulement obtenir la réécriture mais aussi la réaffirmation fondamentale que ce qui doit prévaloir à l’école, c’est le temps scolaire.