Véronique Ponvert : situation générale.

Je voudrais commencer par faire part d’un petit agacement : j’ai trouvé à trois reprises dans le dernier Pour, dans les titres, y compris sur la Une, l’expression « changement de ton » du ministre Blanquer ; certes… Mais je ne suis pas sûre que ce soit pertinent de vanter ce changement de ton, quand par ailleurs les personnels, toujours mobilisés à cette rentrée, ne voient aucun changement sur le terrain, bien au contraire ! Je pense qu’il faut faire attention aux signaux qu’on leur envoie.

Le gouvernement, lui, communique sur une nouvelle période, le fameux acte 2 du quinquennat. Même chose : les mobilisations de l’an passé, y compris durant l’été, les mouvements sociaux à cette rentrée forcent ce gouvernement à « mettre les formes » : il sait que l’opinion publique ne lui est pas acquise, il sait que ça ne se passera pas tout seul, et il a raison car ça coince déjà ! Donc, ne soyons pas dupes d’un prétendu dialogue social et tournons plutôt la tête du côté des mobilisations.

Et des mobilisations, il y en a : les urgences, 6 mois en continu et le gouvernement est obligé de bouger, même si le compte n’y est pas encore. A la rentrée, des mobilisations importantes, dans divers secteurs : les pompiers, vendredi la RATP, massif, hier les finances massif aussi, et aussi les avocats et d’autres professions, réunies en collectif, pour dénoncer la fin de leur régime de retraite ; et encore EDF cette semaine, et d’autres tout le mois de septembre. Sans parler de l’éduc, une mobilisation très médiatisée en fin d’année, et à nouveau à cette rentrée, des établissements en grève, des décisions collectives de résistance, des AG, une contestation répandue.

Il y a donc bien une colère chez les salariés, et une disponibilité pour la lutte pour défendre leurs droits. Pour peu qu’on les appelle à se mobiliser, qu’on leur fournisse un cadre, ils répondent présents.

Aujourd’hui, le dossier des retraites est central, crucial : non seulement il s’agit d’un enjeu de société, de remise en cause du principe de solidarité intergénérationnelle, de notre modèle social, mais en plus pour nous, fonctionnaires, c’est aussi une attaque gravissime puisque, de l’avis de tous, nous serions, avec cette réforme, les plus pénalisés. Il y a deux niveaux de bataille et il faut mener les deux : défendre les droits des agents de la FP, et inscrire cette lutte dans sa dimension interprofessionnelle puisque c’est d’une réforme globale qu’il s’agit.

Sur la question globale d’abord, il faut qu’on replace la question de la retraite dans un débat plus large. Aujourd’hui le gouvernement impose les termes du débat, comme si l’alternative était entre âge pivot ou augmentation de la durée de cotisation : bref, pour les salarié-es et les retraité-es, c’est perdant-perdant.
Faisons émerger dans la société le vrai débat : c’est soit la remise en cause de notre système de solidarité et la dégradation des conditions de vie de la majorité avec le projet gouvernemental ? OU alors le partage des richesses et un projet de société solidaire avec nos propositions ?
La FSU doit s’impliquer dans cette tâche, prendre l’initiative de rassembler au sein de collectifs unitaires larges, syndicats, associations, économistes, mouvements citoyens et politiques pour mutualiser nos forces et produire la contre expertise nécessaire, mais aussi imposer d’autres termes au débat que ceux voulus par le gouvernement.

Sur la question de la Fonction publique maintenant : la fédération a fourni des outils pour informer les agents de la nocivité de la réforme, nous allons poursuivre le travail d’information. Mais nous avons une autre responsabilité, celle d‘inscrire la FP sur le terrain de la lutte. Mobiliser les fonctionnaires pour la défense de leur retraite, contre cette réforme, est de notre responsabilité : la FSU doit impulser une première journée d’action sur ce sujet, une journée de grève, et la proposer à la prochaine réunion de l’intersyndicale. Il faut passer à l’offensive sur ce dossier : le gouvernement ne perd pas de temps, il avance ses cartes. Ne laissons pas croire, si nous n’agissons pas, qu’il n’y aurait pas de notre part de refus résolu de ce projet : combattons-le avec les agents d’abord, car cela participera à la construction d’un mouvement social plus large, puissant, à même de créer le rapport de forces indispensable contre ce gouvernement. Ce rapport de forces, il faut le construire, il faut s’y mettre dès à présent…