Laurence Pontzeele : Blanquer un bilan qui nécessite une démission

Lors de sa conférence de presse de rentrée, la dernière du quinquennat, Blanquer a fait du Blanquer, il s’est auto congratulé ! Il a dressé un bilan positif de sa politique éducative en utilisant, une fois de plus, le mensonge.
Car contrairement à ce qu’il prétend, la France n’investit pas davantage dans l’Education. Comparé au milieu des années 90, près d’un point de moins de PIB y est consacré (soit environ 25 milliards d’€). Le dédoublement des CP et CE1 en REP, alors qu’aucun bilan du plus de maîtresses que de classes n’avait été tiré, n’a pas permis de lutter contre les inégalités, tant les pratiques enseignantes y ont été contraintes et normées selon les obsessions pédagogiques du ministre.Et que dire du Grenelle et de la revalorisation historique qu’il promettait ? C’est un mensonge de plus !
Bien évidemment, le bilan que nous en tirons est tout autre. Et nous devons le faire savoir.
• Les inégalités scolaires et le poids des déterminismes sociaux dans la réussite scolaire ont été exacerbés.
• L’agir enseignant est de plus en plus mis sous tutelle, avec la multiplication du prescrit (par exemple la distribution aux stagiaires de guides ministériels en lieu et place des programmes officiels) et des formations au contenu imposé. Tout cela participe d’une caporalisation et d’une prolétarisation du métier. Le recours aux outils les plus modernes du management lui permet de poursuivre son emprise sur le travail enseignant : déploiement d’une RH de proximité s’appuyant d’une part sur la partie volontaire des CPC « impliqué·es davantage dans le pilotage pédagogique » et d’autre part les directeurs et directrices érigé·es en supérieur·e hiérarchique au sein même de l’école.
• La réforme de la formation initiale met des étudiant·es sous contrat en responsabilité de classe.
• Aucune réponse n’a été apportée au sous-investissement chronique que des années d’austérité ont imposé au système scolaire
• Une partie de ce qui fait l’école (l’EPS, le traitement de la difficulté scolaire…) est externalisée.
• Déni de la science, obsession pédagogique autour des dits fondamentaux, de l’individualisation des parcours et des apprentissages, des évaluations, d’une laïcité d’exclusion… avec la suppression de toute expression qui pourrait être dissonante (du CSP à l’observatoire de la laïcité)
• Les conséquences pédagogiques de la crise sanitaire dont le prix le plus cher est payé par les enfants des classes populaires n’ont absolument pas été prises en compte.

Les mensonges de Blanquer vont se poursuivre cette année, pour qu’aucune ombre ne puisse ternir le quinquennat du candidat Macron. Ce quinquennat qui a été particulièrement douloureux pour les classes populaires, ces premier·es de corvée de la crise sanitaire qui subissent de plein fouet les inégalités de répartition des richesses, les attaques contre les services publics et les régimes de solidarité.

Il nous appartient, dans la période qui vient, d’opposer le réel aux mensonges de Blanquer, ce violent réel que subissent nos collègues, les élèves, les familles. Nous devons faire le bilan d’un des quinquennats les plus désastreux pour le service public d’éducation ; nous devons porter un coup à la politique éducative de ce gouvernement. Cela passe par l’organisation d’une campagne auprès de la profession, de l’opinion publique, articulant matériels à diffuser, outils de communication, réunions publiques, mobilisations, interpellation des candidat·es, campagne dans laquelle l’exigence de la démission de Blanquer aurait pour justification la dénonciation et la démonstration de l’imposture de ce ministre violent et autoritaire qui a accentué le caractère ségrégatif de notre système scolaire.