L’Histoire-Géographie pour quoi faire ?

La suppression de l’Histoire Géographie en TS a remis au cœur du débat la question de la finalité de cet enseignement. Le problème n’est pas tant de savoir s’il faut rétablir l’HG en TS que de savoir pourquoi on enseigne ces disciplines et ce qu’on entend ainsi construire.

Avant tout, constatons que l’attaque portée à l’enseignement de l’HG s’insère dans un contexte marqué par l’offensive libérale qui redéfinit de fonds en comble les finalités de l’Ecole : outil de formation d’un « capital humain », selon les normes de l’entreprise. Les « compétences » sont le fer de lance de cette mutation, et tous les contenus d’enseignement sont touchés, l’Histoire-Géographie comme bien d’autres.

Ce dont nous débattons ici est donc avant tout une question de projet de société. Les élèves, à la veille de devenir citoyens, ont besoin de repères et de compréhension du monde qui les entoure ; un monde qu’on n’appréhende pas de la même manière à 17 ans qu’à 16 ou 14. Ils ont besoin de percevoir le collectif dans les logiques sociales, économiques, politiques, territoriales à l’œuvre. L’HG n’est pas seule à participer de cette compréhension, mais elle est indispensable. Pour cela il faut aussi en finir avec des programmes patchwork qui interdisent toute construction de raisonnement, apparemment conçus pour n’apporter aucune compréhension globale aux élèves… tels les nouveaux programmes de 2nde et 1ère générale.

Nous devons donc réaffirmer L’HG comme un enseignement émancipateur qui doit être donné à tous les élèves, jusqu’à la fin de la scolarité secondaire.

Il ne faut pas pour autant préparer tous les élèves à la poursuite d’études dans la discipline. Et c’est là que réside l’hypocrisie de la série S : le scandale n’est pas qu’on offre aux « scientifiques » une culture émancipatrice digne de ce nom, le problème est qu’on les forme aux même exigences universitaires que les élèves des séries L et ES, et qu’à partir de là, en effet, la série S est celle qui ouvre toutes les portes, contrairement aux autres. De ce point de vue, la réforme ne change rien.

Il est donc temps de repenser la place de l’HG dans les cursus scolaires à l’aune de sa finalité émancipatrice, d’en éliminer la dimension sélective, et de réserver les méthodes proprement universitaires aux séries L et ES. Autrement dit un enseignement émancipateur pour tous les élèves jusqu’au bac quelles que soient les séries, pas d’option HG en S, et spécialisation (méthodes et contenus) réservée aux série L et ES.

Marie Cécile, Elisabeth et Aude.