Jean-Philippe Gadier : le grenelle et son monde

Malgré des mobilisations et un soutien important de la population en faveur des hospitalier-es, les concessions sont loin d’être à la hauteur des revendications salariales des OS et restent très insuffisantes sur les effectifs. Le gouvernement limite les concessions à une enveloppe de 7,5 milliards d’euros dont 1,6 au secteur privé.
En même temps, la politique des suppressions massives de lits, de services, d’hôpitaux de proximité, de une privatisation du système, d’instaurant une logique marchande dont on connait les conséquences est maintenue.

Dans le sillage du Ségur de la santé, des ministères ouvrent des discussions.

Dans l’enseignement supérieur, Vidal le ministre de l’enseignement supérieur propose aux OS la signature d’un protocole d’accord sur la « revalorisation » dans le supérieur. Or, ce protocole est étroitement lié à la Loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR) dont le texte est discuté à l’Assemblée nationale à partir d’aujourd’hui, 15 septembre, et qui a été combattu depuis le printemps dernier parce qu’il prévoie toujours plus d’évaluation des personnels, toujours plus de financement sur projets, toujours plus de hiérarchisation et de différenciation.

En ouverture de discussions pompeusement intitulées « Grenelle des professeurs » Blanquer dispose de 400 millions d’euros pour revaloriser, équiper, recruter. Il est clair que l’enveloppe est d’ores et déjà insuffisante. Mais ce que Blanquer vise, c’est une redéfinition du métier de professeur. En parlant d’une « loi pluriannuelle », il évoque une « transformation profonde du système éducatif », esquissant des contreparties. Est-ce que ce sera sur les ORS, sur des objectifs à atteindre, sur une évaluation toujours plus systématique ? Nous verrons bien. Il est trop tôt pour savoir quelles contreparties JM Blanquer va demander. Mais nous savons qu’il joue sa partition au sein de l’Education Nationale, avec un renforcement du « nouveau management public », et des mesures individuelles contre les dynamiques collectives.

C’est le gouvernement qui prend l’initiative de ces discussions dans un contexte déterminé par une loi sur la fonction publique qui affaiblit le service public, le statut de ses agent-es et aussi les organisations syndicales.
Il le fait dans un contexte de crise économique et sociale. Le plan de relance du gouvernement indique clairement qu’il ne rompt pas avec le monde d’avant. Au contraire. On le sait, la crise peut être utilisée par les libéraux pour accélérer et approfondir les attaques contre les conquis sociaux.

Blanquer aborde aussi ces discussions avec la volonté de regagner de la popularité dans une opinion publique qui a reconnu l’engagement des enseignant-es durant la crise sanitaire face à un ministre qui n’est pas à la hauteur.

Le SNUipp-FSU ne peut rien attendre de positif de discussions menées à froid, en dehors de tout rapport de force. La question de la mobilisation sur la défense des services publics, le développement des emplois publics et les salaires des agent-es doit être mise en débat dès maintenant.

La question qui se pose est celle de quel syndicalisme dans un contexte social compliqué mais qui peut aussi changer très vite.
Nous le savons, certaines OS seront enclines à considérer que les miettes concédées par le gouvernement, « c’est toujours ça ».

Le SNUipp FSU devra quant à lui être lucide, ambitieux et combatif et incarner la transformation sociale. Face à l’orientation macroniste, le mouvement social ne peut pas se contenter d’accompagner. Il doit peser sur la rupture nécessaire avec un système libéral qui creusent les inégalités, détruit les solidarités et met en péril notre environnement.