Elisabeth Hervouet (CAN) : Sur l’état du lycée et les perspectives.

La présentation par la tribune et l’intervention précédente me conduisent à revenir d’abord sur la diversification actuelle (ce que récuse la tribune) et la hiérarchie entre les S et les séries technologiques (aggravées selon la première intervention par la réforme des séries technologiques). J’ai commencé en lycée technologique : la hiérarchie était stricte entre les S et les séries technologiques mais aussi entre les F2, F3, F1, BT … le problème c’est que justement on en est toujours là. Quant à la diversification elle est bien là, entre les différents établissements dans lesquels les enseignements sont diversifiés en fonction du public et nos enseignements même avec des heures de diversification qui prennent de plus en plus de place.
Pour parler du lycée que nous voulons ce qui est bien sûr une excellente idée, il nous semble que nous ne pouvons pas le faire sans parler de ce qu’est le lycée aujourd’hui. Nous serions totalement inaudible si nous ne partons pas de la réalité que rencontre l’ensemble des collègues. Le SNES évoque généralement la nécessité de « mettre à plat les réformes du lycée ». Qu’en est-il ?
On assiste aujourd’hui à une souffrance réelle des élèves et des enseignants.

  • Par la diminution drastique des horaires disciplinaires. Diminution qui a des effets pour certains collègues sur le nombre de classe par prof (par exemple en langues) ou par (HG) mais avec de toute façon un décalage de plus en plus grand entre les possibilités donnés par les horaires et nos ambitions de formation des élèves.
  • Quel bilan tirer des TPE ? On sait que ceux qui s’en sortent le mieux et ont des bonnes notes sont les bons élèves. On sait aussi que certains TPE sont travaillé à la maison avec l’aide des parents quand ils le peuvent, quand ils appartiennent à les milieux qui le peuvent.
  • Quel bilan tirer des AP, si différents d’un établissement à un autre
  • Comment nous posons nous la question des compétences en lycée ?… ils sont déjà en ouverture de nos programmes et nos inspecteurs/trices nous demandent déjà d’apprendre à remplir le LSU
  • Que disons-nous sur l’escroquerie qui consiste à parler des effectifs réduits tout en diminuant les moyens et en remplissant nos classes à 35 ?
  • Que disons-nous sur la fin du redoublement en seconde ? Bien sûr je ne défends pas à tout prix les redoublements. Toutes les études ont montré les limites de ces réponses aux difficultés scolaires mais les supprimer c’est nier la difficulté et par là l’accentuer. Et là encore il y a des effets directs à ces mesures : élèves en souffrance parce qu’ils/elles passent dans des sections qu’ils ne souhaitaient pas forcément (en particulier STMG voir L) et qu’ils/elles demeurent néanmoins dans de grandes difficultés ; enseignant-es en souffrance parce qu’ils/elles n’y arrivent plus et voient leurs élèves s’enfoncer sans pouvoir les aider, parce qu’ils/elles ne savent plus ce que l’institution leur demandent
    Au SNES on dit donc beaucoup qu’il faut remettre à plat les réformes mais c’est à bas qu’il faut les mettre pour dégager le terrain pour pouvoir envisager le lycée démocratique que nous voulons.