CPGE : que du bonheur ?

Pour les rapporteurs du thème 1, « les formations supérieures des lycées, qui accueillent 30% des nouveaux bacheliers, doivent être renforcées ».
Rappelons que ces entrants en 1° année représentent 39000 élèves en CPGE et 113000 en STS (contre 245000 à l’université et 50 000 dans les IUT). Les mélanger paraît pour le moins curieux, étant donnée la différence entre la sélection à l’entrée, la longueur des études envisagées dans l’avenir, et l’avenir professionnel de ceux qui y réussissent.

Pour ne parler que des CPGE, on doit certes reconnaître que la formation y est de qualité, et que le fort encadrement devrait favoriser les élèves issues de catégories sociales défavorisées, s’ils y accédaient. Ceci devant être modulé par le fait que si les enfants d’ouvriers et employés représentent 13,6% des effectifs des CPGE, ils ne représentant plus que 10,9% des effectifs des grandes écoles. On peut penser que, outre les tarifs des grandes écoles privées (voir plus loin), le contenu et les modalités de l’enseignement avantagent les élèves à fort capital culturel.

Cela posé, on pourrait attendre de la part du SNES plus d’esprit critique sur plusieurs points :
– l’esprit de compétition exacerbé qui y règne, par la nature même de la préparation aux concours des grandes écoles.
– La lourdeur des programmes et du travail demandé aux élèves, qui ne permet pas à la majorité d’ouverture sur d’autres activités (sport, culture,….)
– le fait que les CPGE commerciales préparent à des grandes écoles privées (type HEC) dont les tarifs annuels sont prohibitifs (plusieurs milliers d’euros). Il en est d’ailleurs de même pour la majorité des écoles d’ingénieurs.
– La reproduction d’une caste, dont on retrouvera les membres dans la haute administration ou à la tête des grandes entreprises. Ainsi, les bons élèves deviennent « naturellement » l’élite dirigeante de la nation, ce qui pose pour le moins des problèmes de démocratie.

Yves Cassuto (école émancipée)