Jamais l’éducation prioritaire n’aura été autant en danger. En plus de subir la cure d’austérité imposée à l’ensemble des services publics (effectifs de moins en moins limités, multiplication des heures supp’, création d’une part modulable de la prime REP+ pour mettre en concurrence les collègues), c’est son existence même qui est aujourd’hui en péril. En effet, Nathalie Elimas (secrétaire d’état chargée de l’EP) prévoit de sortir l’ensemble des REP (4 195 écoles et 730 collèges) à la rentrée 2022 ! Ils sont remplacés par des CLA (Contrats Locaux d’Accompagnements), mis en compétition avec des TER (Territoires Éducatifs Ruraux) ; CLA et TER pouvant même relever du privé ! Et les REP+, mis en concurrence avec les Cités Éducatives, ne sont pas épargnés.
Les expérimentations en cours démontent le système de labellisation, qui attribue des moyens supplémentaires en fonctions de critères sociaux et scolaires, au profit d’une logique de contractualisation sans cadrage national, avec un entrisme très important des élu·es locaux·ales, des associations et des entreprises dans leur gouvernance, où les écoles et établissements sont en compétition pour obtenir quelques subsides en contrepartie d’une dégradation de leurs statuts.
La contractualisation ne vise pas seulement à démanteler la politique nationale d’Éducation Prioritaire. C’est un premier pas pour passer à un système éducatif reposant entièrement sur la mise en concurrence et le pilotage par les résultats qui concernera à brève échéance l’ensemble des écoles et établissements.