Après la vache folle, le cheval qui se prend pour un bœuf

Le récent scandale de la viande
de cheval retrouvée dans des lasagnes garanties « pur bœuf » démontre
les dérives d’un industrie agroalimentaire mondialisée, gagnée par l’appétit du gain et convertie
à la politique de la production
à bas coût pour engranger
le maximum de profits au détriment des consommateurs
et des producteurs.

Le cas Findus n’est pas un accident isolé mais la démonstration d’une pratique mafieuse organisée de tromperie et d’arnaque.

Cela démontre qu’on ne peut absolument par faire confiance à l’agro-bussiness. L’agriculture est aussi éclaboussée ainsi que sa vitrine médiatique du Salon de l’agriculture mettant en scène une agriculture imaginée pour des citadins consommateurs, très éloignée de la réalité industrielle et financière de ce qu’est devenu l’agro-industrie. Celle-ci se développe en appliquant une réglementation européenne, basé depuis quelques années sur le principe de responsabilité des acteurs de la filière, les services de contrôle en étant réduits à vérifier que les auto-contrôles sont bien mis en place. En effet, les industriels ont une obligation de résultats, pas de moyens. Clairement, ça ne marche pas. Le principe d’autorégulation par le marché est un leurre, la traçabilité des produits n’est pas une garantie.

Des autorités nationales
et européennes complices

Malgré ce constat accablant de la faillite de ce système, la réaction du gouvernement n’est pas à la hauteur. Le ministre de l’agriculture feint de découvrir le monde impitoyable de l’agro-industrie. Le Foll joue les naïfs mais, à son niveau de responsabilité, ne peut ignorer la réalité. Il prétend renforcer les contrôles,
– mais il a encore réduit les effectifs des services vétérinaires en 2013 alors qu’ils ont fondu de 12% ces dernières années (1000 emplois supprimés)
– mais il a donné instruction à ses services de diminuer de moitié les contrôles en restauration collective et point de vente
– mais il ne remet pas en cause le programme pilote de son prédécesseur visant à confier l’inspection sanitaire en abattoir de volailles aux abatteurs.
De son coté, la commission européenne cède aux pressions du lobby agro-industriel.

Elle autorise à nouveau les farines animales, responsables de l’épidémie de vache folle, pour nourrir les poissons d’élevage. Mais cette fois, promis-juré, c’est garanti sans risque sanitaire.

Elle autorise l’utilisation de l’acide lactique pour les carcasses de bovins souillées lors de l’abattage. Elle ruine ainsi tous les efforts des services vétérinaires pour contraindre les abatteurs à respecter des règles d’hygiène strictes. Pourquoi les respecter puisqu’il sera autorisé de désinfecter les carcasses ?

Quant à l’industrie agro-alimentaire, elle s’engage dans une démarche volontaire sur l’étiquetage des plats préparés. Mais la grande distribution a déjà annoncé un surcoût pour le consommateur. Une alimentation à 2 vitesses se met en place. Celle des produits labellisés et haut de gamme pour les riches et les produits bas de gamme de moins en moins contrôlés par les organismes officiels.

Cette dérive est-elle inéluctable ?

Non bien sûr, mais pour ça il faut une vraie volonté politique pour augmenter le nombre de contrôleurs, mieux coordonner les contrôles et arrêter les gué-guerres de services (Fraudes/DGAL).

Il faut aussi un renforcement de la réglementation et sa réorientation vers un contrôle par l’Etat et un service public plus fort.

Il faut aussi s’engager vers un changement des pratiques agricoles et revenir à une agriculture nourricière orientée vers le respect de l’environnement, des animaux et des humains, qu’ils soient acteurs ou consommateurs.
La dérive capitaliste de l’alimentation n’est pas une fatalité et, comme dans beaucoup d’autres domaines, il est de la responsabilité des citoyens de ne pas se cantonner au rôle de consommateur docile que les firmes internationales veulent leur faire jouer. Le mouvement syndical a aussi son rôle à jouer en dénonçant les pratique indignes et anti-sociales de l’agro-bussiness, en participant activement au mouvement alternatif vers une agriculture responsable socialement, respectueuse de l’environnement et soucieuse avant tout de nourrir les êtres humains. ●

Jean Paul Gautier
(SNUITAM-FSU),
technicien des services vétérinaires