Acte 3, scène 2 : Un drame qui se joue en farce

La mémoire sélective du Président.

Le dernier sommet européen n’en a pas fini de durer.

A 4 heures du matin, ce mercredi 26 octobre, un accord non finalisé dans ses moyens a été annoncé.

Le débat, suivant tous les journaux, a été rude. Ce fut un vrai débat. Dont Nicolas Sarkozy, dans son intervention télévisée jeudi soir – mise en image par un opérateur privé, avec deux faire valoir incapables de mise au point face aux contre vérités présidentielles[[ Le site du Nouvel Observateur du samedi 29 janvier 2011 lui décerne trois Pinocchio pour trois affirmations mensongères, sur l’impôt sur les grandes fortunes rétabli en Espagne, sur le taux d’imposition – il a dit la France a le plus élevé d’Europe, il n’a pas regardé du côté des pays d’Europe du nord – et sur la réforme fiscale « une opération neutre alors qu’elle profite, certes temporairement, aux plus riches. Comme d’habitude.]] -, n’a pas vraiment parlé tout à son souci de faire oublier ses 5 ans de présidence, la montée de l’endettement, sa politique en faveur des plus riches [[- Lire « Le président des riches. Enquête sur l’oligarchie dans la France de Nicolas Sarkozy », Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, réédition en poche de ce désormais best seller, revue et augmentée, La Découverte, Paris, 2011.]] et des capitalistes, le creusement des inégalités, la montée de la pauvreté et de la précarité sous les coups de butoir d’une politique d’austérité qui ne se trouve justifiée que la volonté de conserver les trois A [[- Nous ne parlerons pas ici de l’imbécillité de faire reposer sur les 35 heures tous les maux de l’économie et de la société française ou sur la retraite à 60 ans, en oubliant le grand mouvement social de l’hiver 2010. On peut y trouver deux sens. Le premier, politicard, il voudrait refaire la campagne de 2007 et le second, plus social, montrer qu’il veut continuer dans les attaques contre l’ensemble des salariés, jouant là encore la crispation sur une droite extrême pour gagner les voix du Front National, au moment où Marine Le Pen change de discours en s’adressant aux plus déshérités…]].

Du coup, il a lié son sort à cette notation des agences du même nom dont les critères sont aussi insondables que leur appartenance à l’idéologie libérale et à leur incapacité de comprendre le monde, le tout se résumant dans le manque de personnel et l’absence d’enquête réelle.

Non seulement les finances de la France sont mises sous surveillance mais le taux d’intérêt à 5 ans – qui sert de référence – a connu un « spread » (un écart) de 100 points, soit 1% par rapport à celui de l’Allemagne.

Il n’est donc pas besoin d’être dégradé par les agences de notation pour connaître une augmentation du taux de l’intérêt. Il est vrai que la France a de faibles taux d’intérêt comparé à l’Espagne ou l’Italie – sans parler bien sur de la Grèce – mais les opérateurs financiers ont mis la dette française « sous surveillance ».

Le journal « Le Monde » daté du 29 octobre 2011 note que les CDS [[CDS, credit default swaps, sont des instruments financiers d’assurance contre le risque de défaut de paiement d’un débiteur, entreprise ou Etat. Lorsque leur prix montent – ils sont cotés sur les marchés -, ils reflètent la perte de confiance dans la capacité d’un débiteur de rembourser sa dette et les taux d’intérêt suivent une pente ascendante.]] sur la dette française sont orientés à la hausse, « la France est devenue le pays le plus assuré du monde » et « le montant total des assurances prises sur la France s’élèvent à 23,98 milliards de dollars, en hausse de… 67,46% sur un an » [[Citations extraites de l’article de Clément Lacombe, Le Monde opus cité.]].

Pour dire que la crise des dettes souveraines est loin d’être terminée et qu’elle peut viser, après l’Italie, directement la France. Seule l’Allemagne semble, pour le moment, à l’abri. Mais on a vu avec la dégradation de la note des Etats-Unis que les agences de notation ne reculaient devant rien… pour gagner des parts de marché.

Il a voulu aussi faire oublier l’échec de son sauvetage des banques de fin 2008, début 2009.

Le gouvernement français – comme les autres gouvernements des pays capitalistes développés – avait prêté des capitaux aux banques pour les sauver, individuellement, de la faillite.

Cet afflux de liquidités a fait reculer, dans le temps, la faillite sans rien résoudre des causes structurelles de la crise, faute d’une nouvelle réglementation permettant de changer les règles et s’imposant aux opérateurs financiers.

Il a, ainsi, permis à ces opérateurs financiers de continuer comme avant, en faisant survivre un monde dépassé. Seulement, dans ce nouvel environnement, les terrains de spéculation s’étaient rétrécis, il en restait deux : les dettes souveraines et les matières premières.

Les conséquences sont barbares, la famine et la disette ont progressé comme la pauvreté dans les pays développés.

Cette crise bancaire a fait une nouvelle victime, Dexia.

Cette faillite marque le début de l’acte III de la crise systémique qui s’ouvre avec le krach boursier de début août 2011. Une faillite qui coûtera, suivant certaines estimations, 3 milliards à l’Etat français.

Le président s’est félicité des intérêts versés par les banques au moment de leur remboursement des prêts sans parler de cette perte sèche liés à la disparition de Dexia. Du coup, il se trouve obligé de recréer le CLF – Crédit Local de France –, pour gérer les emprunts des collectivités territoriales pris dans l’engrenage des emprunts toxiques. Ce CLF, Dexia l’avait fait disparaître à son profit.

Trois ans après, le gouvernement français demande à la Caisse des Dépôts et à la Banque Postale de le recréer… Sous une nouvelle forme, un « véhicule », soit un produit financier composite sur le modèle des CDO dans lesquels naviguaient les « subprimes » dans une absence totale de visibilité. La question ne lui a pas été posée…

Pourtant, cette faillite est la première d’une série qui peut être longue sans que les gouvernements aient forcément les moyens financiers de jouer une nouvelle fois les pompiers.

Les banques « gèlent » la compensation. Chaque jour, elles se réunissent, celles qui ont des liquidités prêtent à celles qui en a besoin. A chaque crise, les banques préfèrent augmenter leurs dépôts à la BCE plutôt que de se prêter les unes aux autres, ne sachant si l’autre banque ne va pas faire faillite.

Le même mouvement de retrait se retrouve dans les prêts aux entreprises faute de confiance dans les profits futurs ou ceux aux ménages. Elles accentuent ainsi la crise financière et économique. Elles cherchent des occasions de réaliser des bénéfices sans risque. Occasions qui se raréfient.

La banque suisse UBS a connu, à son tour, une « affaire Kerviel ». Un de ses traders, Kweku Adoboli lui a fait perdre 1,7 milliards d’euros en spéculant sur les matières premières – plus exactement sur des « trackers », des produits financiers composés d’indices de matière première –, marchés qui se sont brutalement retournés.

Comment prêter, dans ces conditions ? Si la réglementation ne change pas, les banques ne peuvent que poursuivre dans la même voie. La spéculation est directement issue des règles du système.

La réponse du gouvernement belge a été la nationalisation de la partie belge de Dexia. Pour restructurer la banque et lui éviter de disparaître corps et biens.

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**Ce n’est pas seulement un échec sur le terrain de la crise financière.

Les classes dirigeantes ont été incapables de faire face à la crise systémique du capitalisme qui s’ouvre en août 2007 (l’Acte I de cette crise[[Voir mes articles précédents.]]) et qui s’est traduite par la faillite de Lehman Brothers, le 15 septembre 2008.

Ce fut un moment de prise de conscience des gouvernements du monde entier de la profondeur de la crise et similaire dans ses questions à la crise des années 1930. Malgré des « répliques » de plus en plus accentuées dont celle d’août 2011 – un krach qui a touché toutes les places financières – aucune réponse d’ensemble n’émerge.

Les gouvernements se sont enfoncés dans les politiques d’austérité ne comprenant pas la dimension nouvelle de cette crise. Elle suppose de sortir du modèle ancien, de ce régime d’accumulation mis en place dans les années 1980 – appelé capitalisme libéral – désormais clairement en faillite.

Au lieu de construire des nouveaux outils, à la fois théoriques et pratiques, les gouvernements ont continué dans la voie du libéralisme au moment où cette idéologie démontrait son incapacité à comprendre le monde.

Cette crise de légitimité de cette idéologie est une des dimensions de la crise systémique. Crise à la fois financière, économique, sociale, politique, culturelle et – cette dernière précède en fait toutes les autres – écologique. Une crise de civilisation au sens strict du terme. Une navigation à la godille découle de cette sous estimation.

Les gouvernements répondent au coup par coup, sans prévoir le coup d’après ni avoir une vision de moyen ou de court terme. Les forces centrifuges sont à l’œuvre faisant éclater toutes les solidarités. L’individualisation des questions prime dans un contexte où les politiques d’austérité déstructurent les solidarités collectives.

Ce rappel du contexte est nécessaire pour comprendre que l’accord réalisé ce 26 octobre au sein de la zone euro ne règle rien.

Le président a d’ailleurs fait aussi l’impasse sur les conséquences de cet accord pour se féliciter de l’entente cordiale France/Allemagne sur le dos de la Grande-Bretagne.

Il a ainsi vanté les mérites du modèle allemand sans préciser que l’Allemagne est la première puissance de la grande région Europe, et que ce « modèle » est vigoureusement contesté par les syndicats allemands. A quand un mouvement des indignés en Allemagne ?

Le modèle allemand, dans la bouche du président français mais aussi dans celle de la chancelière allemande, se réduit au périmètre des critères du Pacte de stabilité, soit à une politique d’austérité drastique. Politique imposée à tous les peuples de l’Europe au mépris de toutes les règles de la démocratie et sans s’interroger une seconde sur les effets dramatiques de ces politiques sur les populations qui ne l’acceptent pas comme sur la croissance fortement en berne.

La récession est à nos portes et ces politiques en précipitent l’arrivée tout en faisant reculer toutes les solutions de sortie de crise. De quoi provoquer une dépression. Du point de vue de l’économie, ces politiques sont une imbécillité.

Elles ne permettent ni de lutter contre la montée de l’endettement, ni contre les déficits faute de croissance. Même le FMI, dans ses rapports, met en garde les gouvernements contre une politique d’austérité qui tuerait la croissance. Le monde capitaliste développé entrera en récession dans l’année 2012. Ce n’est pas le frémissement de l’économie américaine qui changera la donne.

Pour l’économie française tous les ingrédients sont réunis. Baisse de l’investissement productif – on assiste même à une série de désinvestissements -, baisse de la consommation des ménages, déficit du commerce extérieur, aucun moteur de la croissance n’est en ordre de marche.

Elle sera d’autant plus profonde que le chômage est orienté à la hausse : plus de 5 millions de chômeurs, une montée du chômage de longue durée et la précarité pour tous les jeunes entrants sur le marché du travail. Le pouvoir d’achat, quoiqu’en dise les statistiques officielles, baisse et les ménages désépargnent.

Les entreprises ferment, se restructurent, licencient et suppriment des emplois, partout dans tous les secteurs y compris dans les banques ou les compagnies d’assurance menacées à leur tour par le risque de faillite.
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**Quel accord ?

Ce contexte n’a pas été pris en compte sinon pour justifier de nouvelles mesures d’austérité.

La prévision de croissance à la base du budget, 1,7% pour 2012, a été abandonnée pour se rabattre sur 1% – qui ne se réalisera pas plus. Du coup, le président a annoncé des mesures – non précisées – d’économies supplémentaires et d’augmentation des impôts les plus injustes, la TVA en particulier, impôt sur la consommation.

Pour réaliser l’objectif d’une baisse des déficits publics pour satisfaire, pense-t-il, l’appétit des marchés financiers et conserver ce « trésor national » (Alain Minc dixit) que représentent les trois A des agences de notation. Il s’est félicité de la baisse des dépenses publiques pour la première fois depuis… la fin de la seconde guerre mondiale sans doute. Une monstruosité !

Baisser les dépenses publiques revient à s’attaquer à tous les services publics, à l’emploi public, à tous les droits collectifs dont celui à l’éducation, à la santé…

C’est une déclaration de guerre contre l’ensemble des salariés. La priorité, dans la crise, ne peut pas être la réduction des déficits, c’est plutôt la lutte contre le chômage.

Revenons au sommet européen.

Les mesures prises se résument facilement. Les banques qui détiennent de la dette grecque ont « volontairement » accepté une décote de 50% du montant de leurs obligations. L’échange se fera dans les mois qui viennent.

De nouvelles obligations d’Etat – des parts d’emprunts – seront émises avec une valeur faciale dégradée de moitié. Les banques devront couvrir cette perte.

Elles s’y attendaient depuis le sommet de fin juillet 2011 où il était déjà question d’une décote de 21%. Elles ont constitué des provisions – dites pour pertes et charges – et sont capables de faire face à cette annulation.

La crainte d’un effet domino s’alimente des problèmes dus à la dégradation de l’environnement macro économique. Il pourrait se traduire par une succession de défaut de paiement des dettes souveraines mais aussi des dettes privées.

A ce moment là les faillites se succéderont, les banques ne pourront plus faire face à cette nouvelle dimension qui se manifestera – on l’a vu avec Dexia – par une panique des déposants.

L’image, que l’on croyait réservée aux pays du tiers-monde, ou aux Etats-Unis, de ces queues devant les agences bancaires, pourrait redevenir d’actualité.

Une question restait latente, quid des CDS ?

Ces produits d’assurance sur les dettes des Etats pouvaient jouer leur rôle. Les créanciers perdent 50% de leurs emprunts. Il faut rappeler que le premier assureur mondial AIG avait fait faillite par l’intermédiaire des CDS sur les dettes et les produits financiers de Lehman Brothers.

Une organisation professionnelle surveille ce marché – l’ISDA [[Pour International Swaps and Derivatives Association.]] – et décide à quel moment les CDS exercent leurs effets.

Elle vient de décider que, comme l’abandon de créance était « volontaire » – on comprend l’insistance de Merkel sur cette nécessité -, cette opération ne concernait pas tous les créanciers et, par conséquent, d’après l’ISDA, la cause manque pour déclencher le paiement des CDS. Le coup n’est pas passé loin…[[Voir l’article de Clément Lacombe, opus cité, titré avec quelque ironie : « L’abandon de créances n’équivaut pas à un défaut de paiement d’Athènes »…]]

Pour faire face à ce risque, le sommet a demandé aux banques de se « recapitaliser » à hauteur de 108 milliards, un chiffre global qui devrait se décliner banque par banque.

Elles en ont les capacités. Elles peuvent augmenter leurs fonds propres pour atteindre 9% des dépôts, sans l’aide des Etats. Il faut rassurer les agences de notation et les opérateurs sur les marchés financiers.

Cette décision se situe sur le terrain traditionnel des réponses gouvernementales et des banques centrales : résoudre la question des liquidités pour permettre aux banques de continuer de vivre. De nouveau, une absence de réponse structurelle. Le système financier, dans son ensemble, n’a pas besoin de plus de liquidités. Il a besoin, pour être sauvé, de réglementation, de redéfinition de ses objectifs et de ses moyens.

Le gouvernement grec, devant la profondeur de sa propre crise, s’est décidé à annoncer la nationalisation de ses banques. Papandreou, le premier ministre, a immédiatement ajouté qu’il les rendrait au marché une fois la restructuration effectuée.

Pourquoi ne pas se servir de cette nationalisation pour construire une autre politique ? Qui passerait par la constitution d’un pole financier public allant dans le sens d’une réindustrialisation de la Grèce ?

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**Dernier volet de ce « plan de sauvetage », le FESF, le Fonds Européen de Stabilité Financière dont la nouvelle capacité d’action passe de 440 à 1000 milliards d’euros pour garantir les nouveaux prêts des Etats pour avoir la notation la plus élevée et le taux d’intérêt le plus bas.

Les modalités d’intervention de ce mécanisme ne sont pas encore définies mais devraient passer par la constitution d’un « véhicule » en lien avec d’autres partenaires. On parle de la Chine, permettant à Marine Le Pen de pousser des cris d’orfraie. Sans dire que la Chine, aujourd’hui encore, n’est pas un pays complètement sorti du sous développement.

Tout le monde, y compris François Hollande, joue à se faire peur. La Chine ou le retour du péril jaune ! La constitution du FESF n’est en rien une rupture avec la logique du financement des Etats via les marchés financiers.

Il ne veut que garantir ces emprunts alors que le contexte oblige à des solutions radicales passant par la « monétisation » des déficits par la BCE, soit la création monétaire pour financer les déficits, manière d’alléger drastiquement la dette des Etats en les rendant moins dépendants des marchés financiers et de leur logique infernale et suicidaire.

Le plan de sauvetage est un bon exemple. L’allégement de la dette grecque passerait, en 2020, à 120% du PIB suivant les prévisions. C’est une farce.

Qui connaît le PIB de la Grèce en 2020 ? L’hypothèse de base est que la Grèce serait toujours en récession. Bonjour la résolution de la crise ! La Grèce resterait soumise aux diktats des marchés financiers. Autrement dit, rien ne changerait !

« Le Monde » daté du 28 octobre 2011 parle d’un « accord inachevé », manière de dire que le consensus s’est fait sur une intervention à court terme sans régler les questions de fond.

Celles-ci portent à la fois sur la définition d’une politique commune, macro économique soit qui suppose la vision d’ensemble du circuit économique pour faire converger des économies séparées par des niveaux de développement.

La fuite en avant dans la construction européenne se paie en période de crise. Aucun gouvernement – qu’il soit de droite ou de gauche – n’a voulu rompre avec cette construction libérale de l’Europe depuis, au moins l’Acte unique voté en 1986.

Le marché unique puis la monnaie unique liées à la pensée unique ont servi de boussoles dans un monde qui a cru à la fin de toutes les crises dans l’euphorie d’une richesse virtuelle reliées à la montée en puissance des marchés financiers comme de l’endettement.

La croissance voguait sur un océan de dettes, en particulier aux Etats-Unis, hyperpuissance qui tirait la croissance des autres pays. La crise de 2007 frappe la puissance financière en son cœur, les Etats-Unis. Les « subprimes » ne représentent que le facteur déclencheur et non pas l’explication de cette crise financière qui touche aux moteurs mêmes de la création de richesses.

Insister sur les « subprimes » comme l’a fait le président, c’est faire prendre des vessies pour des lanternes, c’est refuser de comprendre, d’appréhender les causes de cette crise. C’est aussi refuser d’envisager que la crise actuelle, cet Acte III qui démarre en août 2011, provient de la responsabilité des politiques gouvernementales.

Chaque Etat-Nation a voulu « sauver » ses banquiers, ses assureurs sans prendre en compte la dimension mondiale de cette crise. Réponse conjoncturelle à une crise structurelle. Le G20 de début novembre ne pourra que constater cet éclatement.

La proposition d’une taxe Tobin, la taxe sur les transactions financières, intervient trop tard dans un contexte totalement dégradé.

**Les traités ne sont plus respectés.

Nicolas Sarkozy et Angela Merkel veulent engager des modifications substantielles qui réduiront les espaces de souverainetés démocratiques, que ce soit les parlements nationaux ou les déjà faibles pouvoirs du parlement européen.

Ils veulent imposer un fédéralisme autoritaire, c’est l’inverse qu’il faudrait faire. Remettre en cause le traité de Lisbonne pour refonder l’Union Européenne. Non pas dans le sens d’une quelconque règle d’or mais dans celui d’une construction européenne basée sur un modèle social et la démocratie pour aller vers une Europe des peuples, des droits, des solidarités collectives.

La crise exerce tous ses effets. Pour la combattre, il faut changer de priorité. La lutte contre les déficits, contre l’endettement ne correspond pas au contexte.

Le monde capitaliste vit une déflation, résultat de la profonde récession. Augmenter les dépenses de l’Etat, renouer avec des services publics, réduire le temps de travail ne fait pas partie du domaine de l’utopie. Ce sont des solutions pour à la fois changer les modalités de fonctionnement de la société et de l’économie et faire face à la crise.

Par Nicolas Béniès