Emilie Moreau : Mobiliser sur les retraites, un enjeu majeur pour le syndicalisme

Solidaire et intergénérationnel sont deux qualificatifs de notre système de retraite.
Un système perfectible pour le SNUipp et la FSU qui portent des mandats pour entre autres l’amélioration des paramètres, modifiés par les contre-réformes à l’œuvre depuis 1987, des droits liés aux enfants, pour la prise en compte des études, pour l’aménagement des fins de carrière…
Mais un système basé sur un choix collectif de répartition des richesses, sur la garantie collective d’un taux de remplacement permettant un salaire continué.

Pourquoi changer le système ?

Alors pourquoi changer tout le système ? Bien loin du niveau des caisses de retraite, la justification c’est la volonté d’avoir un système organisant la baisse du niveau des pensions et favorisant, pour celles et ceux qui le pourront, la capitalisation, l’assurance individuelle.

Le rapport de Delevoye, pressenti comme ministre, donne les grandes lignes de ce que pourrait être cette future réforme.
C’est un système par points où en fonction de son salaire on achète des points chaque année de sa carrière que l’on « revendra » pour obtenir le montant de sa pension.

Contrairement à la communication du gouvernement, ce ne sera ni un système plus simple ni plus lisible : La valeur de service, c’est à dire de revente, évoluera en fonction de l’âge de départ à la retraite, évoluera aussi d’une année sur l’autre en fonction du PIB car les dépenses pour les retraites ne devront pas dépasser 14% du PIB. Il sera dès lors impossible de connaître le montant de sa future pension avant l’année de son départ.

Ce système ne sera pas plus juste.

Cotiser sur l’ensemble de la carrière, signifie dans ce système que les débuts de carrière avec salaire très faible, les périodes de chômage, les temps partiels imposés seront des périodes dans lesquelles on ne pourra acheter que peu ou pas de points. Il n’est pas juste de faire reposer sur des individus les conséquences des choix économiques et salariaux des entreprises et de l’Etat.

De ces premiers éléments, auxquels il faudra rajouter un éventuel âge pivot et la diminution probable des droits non contributifs – pour les enfants, la réversion… – découlera une baisse inéluctable des pensions dans le privé mais aussi dans le public. Les enseignant-es seront parmi les plus touché-es en raison de leur salaire bas parmi les cadres A de la Fonction publique et des indemnités quasi inexistantes.

Etre dans le camps de l’action et mobiliser sur le long terme

Il nous faut donc envisager une mobilisation au long court qui va nous permettre une campagne d’opinion, un travail d’information et d’explication du rapport puis du projet, de déconstruction du discours gouvernemental, de construction des actions et des grèves.
La question des retraites permet de rassembler tout le salariat pour modifier le rapport de force en faveur des salarié-es quant aux partages des richesses.
Le 24 septembre, malgré les conditions, est une première étape. Le SNUipp doit avoir un mandat pour que la FSU soit signataire d’un appel à cette journée de mobilisation avec nos forces et selon les modalités choisies localement. Cela lui permettra de se positionner parmi celles et ceux qui construisent la mobilisation avec nos partenaires syndicaux, CGT et Solidaires mais aussi FO, Unsa, voire d’autres et de jouer son rôle unitaire en conjuguant des revendications catégorielles et des revendications unifiantes pour gagner cette bataille.