Retraites. Lyon, Place Bellecourt : une prison à ciel ouvert ?

Le gouvernement a franchi à Lyon une étape supplémentaire dans sa dérive sécuritaire et sa remise en cause des libertés fondamentales.

Le jeudi 21 octobre, six heures durant (entre 13h30 et 19h30), plusieurs centaines de personnes, majoritairement des jeunes, voire des mineurs, ont subi, sur ordre de l’autorité préfectorale, une garde à vue de fait en plein air totalement illégale. Elles étaient venues rejoindre le cortège d’une manifestation autorisée ou passaient simplement pour se rendre à leur travail ou ailleurs. De nombreux témoignages confirment qu’un grand nombre d’entre elles a été gazé, flashballé ou encore matraqué, arrosé par canon à eau pendant plusieurs heures dans la nasse fermée par un double cordon de CRS, de gendarmes et de policiers qu’était devenue la place Bellecour.
De plus, ces nombreux témoignages nous conduisent à nous interroger sur les pratiques discriminatoires des forces de l’ordre, dont certains membres proféraient des injures racistes ou libéraient les jeunes selon leur faciès. Elles ont systématisé les contrôles d’identité de toutes les personnes retenues sur la place et les photographies d’identité au faciès.
A ces accusations graves, l’autorité préfectorale doit apporter une réponse claire et permettre une vérification de tous les dossiers constitués à cette occasion. Il est regrettable que l’autorité judiciaire n’ait pas été mise en situation d’assurer immédiatement sa mission de protection des libertés individuelles, relativement aux mesures de rétention collective, de contrôles, de vérifications et de relevés d’identités opérées en ces circonstances.
Au surplus, la procédure de comparution immédiate a été utilisée, laquelle ne permet pas une véritable défense individuelle, repose rarement sur des éléments matériels de preuve et répond à un souci de médiatisation, au risque de méconnaître les principes du procès équitable énoncés par la Cour Européenne des Droits de l’Homme et repris par le Conseil Constitutionnel et la Cour de Cassation.
37 organisations syndicales, associatives et politiques les plus représentatives du Rhône entendent, par ce communiqué, tout faire pour rétablir les droits démocratiques et les libertés fondamentales bafouées et les faire respecter. Elles appellent la population et les organisations attachées aux droits démocratiques à faire bloc contre l’ensemble de ces atteintes aux droits.
Elles décident de récolter des témoignages – au sens juridique du terme – pour examiner la possibilité d’un dépôt de plainte. Elles assurent le soutien aux inculpés et demandent l’abandon des poursuites.

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