CTPM : Le SNES ne devait pas s’abstenir ! Par les élu-es Ecole Emancipée au BN du Snes

Le Snes a gagné ! Sa direction estime avoir battu le gouvernement sur la question du mouvement national pour l’affectation des enseignants, et sur celle de la titularisation des agrégés… Elle voit enfin poindre les conditions d’élévation du niveau de recrutement, et donc de la « revalo », mandat historique qu’il porte et fait passer avant toutes choses… Le Snes a gagné, on pourrait penser que c’est bien !

Et le prix à payer pour une telle « victoire », quel est-il ?

La masterisation Darcos , le Snes le dit depuis le début, est un processus qui, tel qu’il est mis en place, entraîne des dommages irréversibles et catastrophiques pour l’avenir de la profession : il engendre la précarité, il ruine la formation, il met en péril la notion de concours nationaux, il dégrade les conditions d’entrée dans le métier, il porte un coup fatal au statut …

Cette réforme n’est donc pas la bonne, le Snes le dit et le répète dans sa presse ou ses textes de congrès ! Au dernier CDFN, le Snes finit par se rallier aux autres SN et la FSU demande donc l’abandon de cette réforme. Le Congrès a confirmé cette position. Bien plus les textes du congrès ont explicitement lié le recrutement au niveau du master au pré-recrutements qui devaient être obtenus de façon conjointe; dans l’US du 22 mai, le Snes « invite l’ensemble de la profession à s’emparer du débat et à construire le rapport de forces qui permettra d’imposer une autre réforme de la formation et du recrutement ».
Alors, pourquoi le Snes n’a-t-il pas voté contre les décrets ? Comment peut-il dire qu’il a respecté les mandats du SNES alors qu’il en a oublié en route ? Pourquoi ce débat, cette décision de vote en abstention, n’ont –t-ils pas été eu lieu dans un bureau national, l’instance délibérative du syndicat qui comprend bien plus de militants qu’un secrétariat national ?

La direction du Snes a refusé depuis le début de mener cette bataille de manière fédérale : en retardant autant que possible les mandats fédéraux de demande de moratoire, d’abandon de la réforme elle a cherché à laisser passer à tout prix la réforme qui impliquait l’élévation du niveau de recrutement, en faisant le pari que cela entraînerait la revalorisation d’une partie de son champ de syndicalisation, prenant le risque de diviser encore plus la profession. Elle a sacrifié les valeurs défendues par la fédération sur le métier, le statut, pour ses intérêts purement corporatistes. Au CTPM, le Snes a montré qu’il voulait discuter seul avec Darcos-Pécresse-Sarkozy, ce n’est pas le bon choix, y compris dans les propres intérêts des enseignants du second degré !

Alors que dans le supérieur, enseignants et étudiants sont mobilisés contre cette réforme depuis des semaines, dans un mouvement exemplaire à plus d’un titre, alors que tous ensemble nous pouvions gagner : le Snes n’a jamais accompagné ni soutenu ce mouvement, pire aujourd’hui, il l’achève… Les étudiants mobilisés, futurs enseignants pour certains d’entre eux, risquent de ne jamais oublier que le Snes a aidé à mettre en place la réforme qu’ils combattaient…

A l’Ecole Emancipée, nous pensons, comme beaucoup dans la FSU, que les attaques sont globales, que les réformes se succèdent dans la plus grande cohérence, qu’elles s’imbriquent les unes dans les autres et nécessitent donc une réponse syndicale de front… En choisissant la dispersion, l’éclatement en syndicats nationaux, en méprisant la fédération, nous estimons que le Snes commet une grave erreur.

Pour ces deux raisons principales, parce que la réforme dite « masterisation » est mauvaise et nocive pour l’avenir de la profession et qu’il faut la combattre, et parce que la réponse fédérale est la seule pertinente aujourd’hui et que nous avons besoin d’une FSU unie et combative, nous, militants EE nous condamnons l’attitude du Snes lors du CTPM.

Les élu-e-s de l’EE au Bureau National du SNES ; Yves Cassuto, Ingrid Darroman, Edwige Friso, Elisabeth Hervouet, Véronique Ponvert.