L’enseignement du français au lycée.

Face aux menaces de la réforme Darcos, on a pu regretter l’absence de travail collectif du groupe Lettres : d’où provient la parole du Snes sur notre discipline ? Pourtant la réflexion sur le français en lycée, après huit années d’application de la réforme, s’impose.

Tout d’abord, nous sommes toujours confrontés aux grandes difficultés de lecture et d’expression de la plupart de nos élèves : un enseignement méthodique de la langue doit reprendre toute sa place en collège. Il faut exiger 6 heures hebdomadaires en 6ème et 5ème, 5 en 4ème et 3ème, dont une dédoublée privilégiant la pratique effective de la langue.

Au lycée, il faut maintenir ce dernier horaire en classe de Seconde, en récupérant l’heure d’aide individualisée dont l’efficacité n’est pas avérée (cf étude Iredu). En classe de Première, il faut maintenir les horaires des séries générales, et remonter à 4 heures hebdomadaires en séries technologiques (dont une dédoublée) : l’acquisition de la culture et de la conceptualisation permettant de dominer les enseignements technologiques et les filières post-bac est à ce prix.

Il est hors de question d’accepter (par exemple en opposant « français » et « littérature »), une partition de notre discipline ; seul un enseignement fondé sur les textes littéraires est porteur de sens pour les élèves, et la voie la plus rapide vers des progrès conséquents. Il permet de maîtriser les formes de « communication » les plus diverses, quel que soit leur support, y compris informatique. Même les plus faibles de nos élèves n’expriment jamais le désir d’un recours à des productions apparemment plus accessibles (bandes dessinées, littérature « de consommation »).

Les épreuves du baccalauréat doivent être profondément repensées. L’écriture « d’invention » doit être évincée des épreuves finales, selon ce que pense la majorité des collègues. Un « corpus » bien réfléchi pourrait servir de support à la dissertation, tandis que le second travail d’écriture serait un commentaire précédé d’une ou deux questions d’observation. Une telle limitation des exercices va à l’essentiel d’une formation bien comprise.

Enfin, le principe de l’« objet d’étude », réducteur et formaliste, restreint l’examen à quelques questions de cours prévisibles ou conduit à des problématiques trop larges, inaccessibles à nos élèves. Peut-être un programme intelligent d’œuvres intégrales, modulé selon les séries, suffirait-il ?

Thierry Cecille, École Émancipée, Lycée Jean Prévost, Montivilliers (76)