Université d’été des mouvements sociaux grenoble, août 2018

Faire du commun pour construire un autre monde

À l’heure où le mouvement social est à la peine, où le syndicalisme
ne parvient pas à relancer une mobilisation de masse, alors que le
gouvernement table sur le découragement des citoyen-nes face à
une politique libérale violente qui les écrase, cette université d’été
est à prendre pour ce qu’elle est : un formidable élan et de quoi
relancer la machine pour les militant-es.

C’est une première : ATTAC et le CRID (Centre de Recherche et
d’Information pour le Développement) ont initié cette année
L’université d’été solidaire et rebelle des mouvements sociaux et
citoyens, fruit de la co-organisation de centaines de composantes qui
ont répondu à l’appel. Plus de 300 organisations (associations,
syndicats, collectifs, médias indépendants, réseaux,…) ont élaboré
un contenu de réflexion et de débat, dans un programme de quatre jours
qui a vu se dérouler une centaine d’ateliers, de séminaires et
d’activités diverses. Le programme établi était très varié, à la fois
sur le type d’activités proposées – des plus ludiques et festives aux
plus studieuses, des conférences en amphi aux débats en salle, des
activités hors les murs aux films en soirée… – mais aussi sur les
sujets discutés : questions environnementales, économiques, sociales,
sociétales, internationales. De quoi faire la critique du « nouveau
monde » qu’on voudrait nous imposer, penser les résistances et poser
les jalons des alternatives.

La FSU y était, et l’ÉÉ y était (pour quelque chose)…

L’ÉÉ a insisté pour que la fédération soit présente et investie dans
cette initiative, en accord avec des militants UA, et la FSU a pris
une part active à l’événement. La SD 38, très présente, a tenu un
stand très visité. Les militant-es nationaux-ales ont initié et
coordonné trois modules de formation d’une journée sur trois thèmes :
les retraites, les services publics et l’éducation. Ceux-ci ont fait
le plein de participant-es et rencontré un écho très favorable. Ils
ont été à chaque fois l’occasion de recherche d’ouverture et le
contenu des journées a donné lieu à des démarches unitaires : ils ont
été élaborés avec des militant-es de la Fondation Copernic, des revues
pédagogiques (N’autre école, Cahiers rouges, Dialogues, Regards
croisés), des organisations syndicales Sud éducation et Ferc-CGT (pour
l’éducation) et des militant-es d’Attac, de Copernic, des économistes
atterrés, de la Convergence SP, de Solidaires et de la CGT (pour les
services publics et retraites)…

Ce travail unitaire est important. Pour l’éducation par exemple, nous
avons construit le module comme un temps de réflexion pour penser une
autre école et instaurer une posture de résistance à l’école
libérale. Ces débats nous ont permis de vérifier une communauté
d’idées et de valeurs entre les partenaires du module, sur les ques-
tions du « tous-tes capables », du rejet d’une école de la sélection
et de la privatisation, de la volonté de porter la scolarité
obligatoire à 18 ans et de repenser le lycée pour qu’il s’oriente vers
un lycée polytechnique. Ces orientations partagées seront des atouts
indéniables dans les combats intersyndicaux que nous allons livrer et
pour gagner la bataille de l’opinion.

Un élan, une dynamique, et la jeunesse !

1 500 personnes étaient attendues à Grenoble, mais ce sont plus de 2
000 qui ont participé à ce rassemblement ! Sans visibilité médiatique
pourtant, les réseaux des diverses composantes ont bien fonctionné et
la richesse du programme a suscité l’intérêt des participant-es.

À considérer la jeunesse du public, on est interpellé. Tout d’abord la
question de l’engagement de la jeunesse ne doit plus faire débat – il
existe bien – et il faut plutôt analyser sur quel type d’engagement la
jeunesse se mobilise. Ensuite, cela questionne aussi le syndicalisme
que nous pratiquons et qui peine à attirer les jeunes collègues. Cela
amène à réfléchir aux formes d’engagement, de modalités d’action, de
résistances que nous leur proposons et à tenter de les faire évoluer
pour correspondre au cadre professionnel d’aujourd’hui.

Cet événement est une réussite : 2 000 personnes fin août pour
échanger, pour « refaire le monde » et reprendre la main, c’est tout
sauf des citoyen-nes gagné-es par la résignation. C’est signe que nos
valeurs, de solidarité, de justice…, sont partagées et qu’il faut
continuer à les défendre dans l’unité et l’ouverture la plus large.

C’est aussi un levier pour construire les mouvements sociaux à venir,
qui ne peuvent reposer que sur l’articulation entre associations,
collectifs et syndicats, voire forces politiques : si le syndicalisme
est un outil incontournable, il doit cependant chercher à unir ses
forces à celles d’autres partenaires pour faire valoir les
alternatives, développer le pouvoir d’agir et de transformer la
société. C’est une démarche éminemment politique.

VERONIQUE PONVERT