Pourquoi nous serons en grève le 18 Octobre ?

Aujourd’hui, l’immobilisme des organisations syndicales, engendré par l’élection de Nicolas Sarkozy, n’est plus de mise. Certes, les réformes de l’été prennent effet, les annonces, les attaques diverses et variées ne cessent pas mais aujourd’hui, des réponses en termes de luttes sont enfin données et relayées. On avait vu pendant la campagne présidentielle, chose inédite, des secteurs se mobiliser, sur des revendications très corporatives (le second degré par exemple sur le décret De Robien), mais également sur des ambitions et revendications plus larges, plus sociétales, en réaction à la politique libérale mise en place ( Psa en grève pour un salaire minimum à 1500 euros… ). Ces luttes n’ont pas trouvé de débouchés plus larges et l’effet anesthésiant de la victoire de Sarkozy a beaucoup joué en ce sens. Depuis la rentrée, les annonces n’ont pas cessé et quelles annonces !!! Suppression des régimes spéciaux, franchises médicales sous prétexte de lancer des plans pour la recherche sur certaines maladies, assouplissement des 35 heures, suppressions des « charges fiscales » sur les heures supplémentaires, davantage de place aux négociations d’entreprises et de branches pour la durée du travail, révision de la carte judiciaire, flexsécurité, fusion de l’UNEDIC et de l’ANPE pour mieux surveiller les chômeurs, Loi sur l’immigration … et pour l’éducation, outre le budget scandaleux (11200 suppressions de postes !), la fin de la carte scolaire, les réduction horaires en primaire, la liquidation du collège unique, etc… Mais les revers ont déjà commencé, les procureurs fustigeant leur ministre sur la future réforme de la carte judiciaire, les internes dans la rue contre une réforme visant à leur imposer où s’installer, les agents des ANPE et de l’UNEDIC dont 4 fédérations appellent à la grève contre le projet de LOI, l’amendement Mariani-ADN vidé de sa substance lors de son passage devant les assemblées, … Tout ceci faisant écho à l’appel des cheminots du 18 Octobre sur les régimes spéciaux, appel qui aujourd’hui ne concerne plus seulement la SNCF mais plusieurs pans de la FP notamment, car plusieurs Unions Départementales ont appelé également les travailleurs du privé à se mobiliser. Qu’en est-il dans l’éducation nationale ? Après moultes débats, après moultes hésitations, la FSU prend la décision de considérer « que la journée du 18 octobre constitue une étape importante et elle appelle les personnels à s’engager dans l’action ce jour-là (grèves, manifestations, rassemblements…). » Des syndicats de la FSU appellent à la grève mais ni le SNUIPP, ni le SNES. Le SNES avait pourtant l’intention d’appeler à la grève avant les vacances, mais au dernier moment il a reculé, arguant que le 18 n’offrait pas une plateforme satisfaisante ; à l’inverse, à l’EE, nous pensons que que le 18 doit aussi être pleinement investi par l’ensemble des secteurs de la Fonction Publique pour marquer clairement notre résistance au projet gouvernemental du « moins d’Etat, moins de service, moins de fonctionnaires ». C’est ce pari qu’ont pris les nombreuses Sections départementales (environ la moitié des sections) de la FSU qui participent à la grève le 18, malgré ces conditions difficiles ! C’est aussi celui de plusieurs sections académiques du SNES qui ont répondu à l’appel le 18 octobre (Aix-Marseille, Clermont-Ferrand, Créteil, Grenoble, Lille, Martinique, Paris, Nantes…). Il est regrettable que le SNES national en annonçant une grève second degré à la mi-novembre renonce à cette journée de SNES-FSU mobilisation qui marque bel et bien la première riposte à la politique libérale du gouvernement Sarkozy, et il risque de décourager les militants, notamment les plus combatifs d’entre eux ! Les appels locaux traduisent une montée de la mobilisation, une volonté de faire de ce 18 octobre un premier rendez-vous contre la politique de Sarkozy, de ne pas laisser les débats s’enliser sur l’opportunité ou pas des régimes spéciaux mais de remettre en cause toutes les annonces qui ont été faites. Sarkozy veut diviser : les régimes spéciaux sont désignés comme boucs émissaires, alors qu’ils ne représentent environ que 6% des régimes de retraite (autant dire que le prétendu problème des retraites ne sera pas réglé pour autant) : aujourd’hui, c’est tout le système de retraite par répartition qui est sur la sellette, c’est tout le fonctionnement d’une société basée sur la solidarité (droit aux soins, droit à l’éducation, droit aux services publics : pour tous et toutes et gratuits !) qui est remis en cause. Ainsi la multiplication des appels qui se saisissent du 18 comme la seule date à brève échéance marque bien la recherche d’un « tous ensemble » qui dépasse les revendications catégorielles, et traduit la volonté d’engager la lutte contre le « modèle social » que tente d’imposer ce gouvernement. Nous devons tout faire pour que cette mobilisation soit la plus large possible et mettre en avant dans les manifs, les AG…les revendications unifiantes, qui seront le point d’appui des mobilisations à venir. Sarkozy veut nous diviser : mais nous, c’est tous ensemble que nous comptons lui répondre! Tous en grève le 18 octobre !

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