Sophie Zafari (EE) sur la laïcité

L’École Émancipée se félicite de l’adoption du texte « laïcité » qui donne une visibilité à l’enjeu de défense de la laïcité, au delà des débats, des controverses qui animent non seulement notre fédération mais toute la société et les plus hautes sphères de l’État.

Nous sommes bien d’accord que le combat pour la laïcité n’est pas dernière nous et qu’il nous faut poursuivre l’action syndicale sur ce terrain.
Sur le terrain de l’Éducation, en particulier, les luttes pour une service public d’Éducation publique laïque et gratuit reste d’actualité.

Sur le territoire il est encore trop d’endroits où il n’y a pas une offre d’école, d’établissements d’éducation publique.

Le texte fait bien de rappeler ses fondamentaux que nous partageons tous et toutes.

Mais le texte cherche aussi à pointer les nouveaux enjeux apparus autour de la laïcité (certes en restant à cette étape à des formules vagues) et il nous faudra continuer le débat, sereinement.

Le texte pointe en effet l’instrumentalisation, on pourrait dire le dévoiement, qui ait trop souvent opéré (je pense notamment au FN, mais malheureusement bien au-delà) le travestissement de la laïcité, ce que d’aucuns (J.L. Bianco, président de l’observatoire de la laïcité) appelle une « nouvelle de laïcité identitaire » . Et cette laïcité « identitaire » a une cible : l’Islam, les musulmanes et les musulmans. Faut-il être de mauvaise foi pour ne pas le voir le dénoncer ?
« C’est très dangereux, dit-il, car c’est aller sur le terrain du Front national. On ne tolérerait plus que des Français blonds, blancs, chrétiens comme les conçoit Nadine Morano. »

Il y a eu, il y a souvent une surenchère dans l’affichage d’une laïcité conçue plutôt comme une réponse défensive que comme un projet pour le vivre ensemble. Et si nous voulons que la laïcité fasse partie du bien commun de tous et toute et notamment des jeunes (issus des quartiers populaires, de l’immigration) il faut s’affronter à des réalités, telles que les écarts énormes entre les discours officiels et les inégalités sociales, territoriales, scolaires.
La laïcité peut heurter si elle est vécue comme humiliante, perçue comme une exigence de reddition de tout ce que ces jeunes sont, surtout si aucune élaboration commune ne vient simultanément prouver la valeur supérieure de la confrontation des arguments.

La force de la laïcité pourrait/devrait être là.

Les valeurs ne s’imposent pas d’en haut, elles s’élaborent ensemble.

C’est l’élaboration commune qui prouvera la valeur supérieure de la confrontation des arguments et redonnera ses lettres de noblesse à la laïcité.