Adrien Martinez : Faire le pari de l’action

J’ai bien noté que je n’étais pas le premier à prendre la parole aujourd’hui.
J’ai donc bien noté que des choses avaient été dites.

Et parmi ces choses, il y a tous ces mots pour rappeler, démontrer en quoi il nous faut tirer un bilan négatif de ce qu’a fait le gouvernement de notre métier, de l’école, des services publics.

C’est important.

C’est important parce que, tenir un discours de clarté, tenir ce discours de clarté, dans la période, c’est faire revenir le réel, celui que vivent les enseignants dont les conditions de travail se dégradent, les élèves, et plus particulièrement ceux issus des classes populaires qui prennent de plein fouet l’augmentation des inégalités scolaires, les stagiaires dans les espe, ou hors des espe, les écoles qui vont quitter le dispositif ZEP et toutes celles qui n’y rentreront pas…

C’est important parce que tenir ce discours permet de construire un espace. Un espace où l’on peut dessiner les alternatives aux politiques éducatives mises en œuvre depuis plus d’une dizaine d’années. Car il y a une impérieuse nécessité à ouvrir de nouveau le champ des possibles. A prendre de nouveau au sérieux l’idée de la réussite de tous.

Les alternatives dont nous sommes porteurs, nos mandats historiques, doivent de nouveau irriguer la profession.

Dans un situation où les cadres de dialogue social, qui se sont multipliés, n’ont été que de façade, n’ont pas permis de transformations tangibles du système éducatif, Il faut faire le pari de l’action. Le pari du mouvement des enseignants.

Ce pari n’est pas facile dans un contexte dégradé. La profession ne sera pas d’emblée vent debout. C’est nécessairement un travail de longue haleine.
Mais il est de notre responsabilité de tracer des perspectives, tant dans l’action que dans le discours, dans l’analyse et la formulation d’alternatives qui doivent réellement se poser en alternatives.

Action, analyse sans complaisance et alternatives. Ces trois idées vont de pair. Car la mise en branle de la profession, dans une situation où les idées de progrès n’ont pas le vent en poupe, a besoin de s’accrocher à un discours, a besoin de prendre son sens dans un projet qui défend une autre école. Pas celle qu’ils vivent, ni celle que le gouvernement construit. Ce projet doit être articuler avec la définition d’autres orientations économiques, dont il nous faut convaincre largement de la crédibilité et de la nécessité.

Ce travail sur les alternatives économiques ne peut pas être mené que par nous. Mais il ne peut pas se faire sans nous. C’est ainsi qu’il faut entendre l’intérêt de l’implication dans l’initiative du 15 novembre à l’appel du collectif triple A et dans les suites qui pourraient y être données.

Sur l’école, notre responsabilité est évidente. Dans le cadre de la semaine d’actions de la FSU, des initiatives sont prises. Actions sur les salaires le 18/11, mobilisation dans les ESPE le 19/11, et les initiatives de grève le 20, question de la grève qui nous est maintenant concrètement collectivement posée. Il y a aussi les écoles qui sont amenées à quitter le dispositif ZEP et qui n’entendent pas se laisser faire. Plus on donnera un tour offensif à cette semaine, aussi bien en acte que dans les mots, plus nous serons à même de poser les jalons des mobilisations à venir.

Elles seront indispensables. Pour les salariés, pour les enseignants, pour imposer l’idée d’une transformation du service public d’éducation affirmant pleinement l’idée de la réussite de tous les élèves. Réinvestissons pleinement le terrain de la transformation sociale. Dans les analyses, dans les alternatives et dans l’action. D’autres l’ont fait. En Espagne, en Grèce, en Italie, en Angleterre. L’idée que d’autres choix sont possibles et nécessaires s’est inscrites dans des groupes, qui agissent, qui font vivre les solidarités. Il nous faut mener ce travail ici. Pour éviter que le pire arrive.