2014 : un budget de classe

Le projet de budget 2014 illustre la politique austéritaire du gouvernement en prévoyant une baisse de 15 milliards des dépenses publiques. Celle-ci se conjugue avec une politique de « l’offre » qui cumule les cadeaux aux entreprises. Après les 20 milliards du « crédit d’impôts compétitivité emploi » accordés sans contrepartie et financés notamment par la hausse de la TVA à venir au 1er janvier, après la non participation des entreprises à la hausse des cotisations vieillesse prévue par le projet de loi sur les retraites, des prélèvements pour les entreprises mis en place l’an dernier viennent à expiration et ne seront pas « compensés » par d’autres.

Les ménages devraient ainsi contribuer pour plus de 10 milliards au financement de ces choix politiques.

15 milliards d’économie au nom de l’austérité

Les dépenses sociales vont baisser de 6 milliards (2,9 pour la sécurité sociale et 1,9 pour les retraites), une note qui s’élèvera à 9 milliards pour l’État et les collectivités locales.

Celles-ci verront leur dotation chuter de 1,5 milliards, réparti à 56% pour les communes, 32% pour les départements et 12% pour les régions.
Une des principales contributions sera la poursuite du gel du point d’indice, en vigueur depuis juillet 2010, conjuguée avec la baisse des mesures catégorielles (270 millions de prévu contre 550 en moyenne de 2008 à 2012), les 2 144 suppressions de postes prévues et des économies de fonctionnement dans chaque ministère, où revient avec instance le terme « optimisation ». Ces économies de « dépenses de fonctionnement » sont estimées, elles, à 2,6 milliards.

Les opérateurs de l’État contribueront également avec 1 229 suppressions de postes prévues (hors universités et Pôle emploi) et une baisse de 4% des budgets.

Enfin, 2,6 milliards de dépenses d’interventions sont supprimées. Par exemple, la réforme de l’aide juridictionnelle, au détriment des justiciables des catégories populaires, est censée « rapporter » 32 millions ou bien les 55 millions obtenus suite à l’arrêt des grands chantiers du ministère de la Culture ou encore la « réforme » des aides personnalisées au logement dont le « gain » est estimé à 177 millions (un « gain » bien évidemment payé par les bénéficiaires actuels des ces aides).

Non seulement les ménages seront mis davantage à contribution mais ils payeront doublement l’austérité avec la réduction de l’action des services publics, et donc des services rendus aux usagers, qui découlera de ces « économies ».

Zoom sur les 2 144 suppressions de postes de fonctionnaires en 2014

Le budget 2014 poursuit les suppressions de postes dans les ministères jugés « non prioritaires » pour financer les créations dans les 3 ministères jugés prioritaires : éducation, police et justice. Au final, la balance est même négative avec un solde de 2 144 suppressions de postes, encore en hausse après les 1 287 suppressions de 2013.

Si l’éducation crée 9 984 postes, la police 405 et la justice 590, les finances détruisent encore 2564 postes, l’écologie 522, l’agriculture 231, l’égalité des territoires et logement 697… Au total 13 123 postes de fonctionnaires sont supprimés.

Pour l’anecdote, une seule mission voit ses effectifs augmenter en dehors des ministères jugés prioritaires, c’est les services du premier ministre qui gagne 107 postes. Mettre en place une politique austéritaire demanderait donc des moyens humains !

Et dans l’éducation ?

Les postes de stagiaires représentent la grande majorité des 9 984 créations dans l’éducation. Dans le primaire, 2 355 moyens d’enseignement seront créés à la rentrée 2014, en baisse par rapport au 3 000 postes supplémentaires obtenus pour cette rentrée. La hausse des effectifs se poursuivant avec 30 000 élèves supplémentaires attendus, la situation dans les écoles ne devrait pas s’améliorer du tout lors de la prochaine rentrée ! Et encore plus inquiétant, aucune montée en charge des recrutements n’est prévue. Le concours de juin 2014 ne prévoit que seulement 8 611 postes, juste de quoi compenser les départs et créer quelques centaines de postes. Ce budget acte donc une quasi stabilisation des moyens dans les écoles !
Dans le secondaire, la situation n’est pas plus brillante avec une création nette de 1 000 moyens d’enseignement à la rentrée 2014 pour 10 000 élèves supplémentaires attendus. De plus, comme aucun véritable pré-recrutement n’a été mis en place, le second degré risque fort de ne pas pourvoir tous ses postes lors des concours…

Ainsi, même dans les secteurs décrétés prioritaires, la situation n’est pas des plus brillantes. Décidément, ce budget ne va pas du tout !