Deux concours et une nouvelle école mais toujours pas plus de jeunes enseignants formés

A cette rentrée, une quatrième génération d’enseignants non formés arrive dans les écoles. Si quelques rares départements sauvent les meubles en leur proposant des temps de formation avant de prendre une classe, la grande majorité d’entre eux seront en responsabilité dès la rentrée. Certains pourront ensuite bénéficier d’une légère formation plus tard dans l’année, après avoir essuyé les plâtres.

Le concours 2013, ancienne formule avec admissibilité en septembre et admission en juin, proposait 8600 places, qui ne seront pas toutes pourvues. Au total, 343 places sont perdues (30 à Paris, 33 à Versailles et 181 à Créteil, une académie qui était déjà en situation explosive à la rentrée précédente). Le rapport entre le nombre de postes et le nombre de candidats était tel que la seule façon de barrer la route à des candidats était le zéro éliminatoire. Ces candidats éliminés n’accèdent pas au statut de fonctionnaire stagiaire mais peuvent être embauchés comme contractuels et donc faire classe sans aucune formation. Cela sera le cas dans des départements de la région parisienne. C’est d’une hypocrisie affligeante.

Le concours transitoire 2013-2, ou 2014 anticipé, a déclaré 9100 candidats admissibles pour 8500 places lors des admissions en juin 2014. Avec les exemples des académies de Limoges (65 admissibles pour 63 places au concours), Nancy-Metz (129 admissibles pour 123 places), ou bien Orléans-Tours (310 admissibles pour 300 places), il n’y a pas besoin de boule de cristal pour comprendre qu’il y aura également des places perdues à ce concours.
En opposition aux mandats du SNUipp-FSU, « en aucun cas des étudiants ne doivent être en responsabilité de classe », ces admissibles, étudiants en M2 dans les Espe (qui remplacent les Iufm), seront également contractuels et chargés d’enseignement. Ils devront la même année assurer un tiers temps en responsabilité de classe, rédiger un mémoire, préparer les épreuves d’admission… On voit bien à quel point ils seront disponibles pour la formation que les Espe tenteront de leur proposer !

Quant aux Espe, qui remplacent les Iufm, la précipitation et l’opacité dans laquelle elles se mettent en place, le manque de moyens à lier à la situation dramatique des universités, ainsi que la part élevée de stages en responsabilité des étudiants les mettent en difficulté avant même leurs premiers pas.

Voilà, une fois le tableau brossé, la vue d’ensemble est à la fois fragile et explosive. Les conséquences dans les écoles vont se faire sentir très rapidement !

Bien sûr, toutes les équipes départementales et l’équipe nationale seront sur le pont pour défendre les personnels, mais comme nous l’avons écrit à St Malo, il nous faudra également demander haut et fort « une remise à plat de cette réforme et des textes qui l’accompagnent ».

Le SNUipp, avec la FSU, doit continuer à mener bataille pour obtenir une véritable formation des enseignants, à la hauteur de notre projet pour l’école et pour la société.