Le point sur la promesse des 60 000 et la rentrée 2013

En cinq années de destruction de l’école par Darcos et Chatel, l’enseignement a perdu 70 700 postes budgétaires dont 26 416 pour le premier degré public. La loi d’orientation prévoit l’implantation de 60 000 emplois supplémentaires. Décryptage et projection sur la rentrée 2013.

Le gouvernement s’est engagé à remplacer tous les départs en retraite dans l’éducation durant le quinquennat et à créer en plus 60 000 emplois. Cela constitue une rupture dans la logique budgétaire en vigueur mais ces créations ne compenseront pas les 70 000 suppressions des années précédentes.

Ils ne sont que 54 000

Le chiffrage de 60 000 est impropre car 5 000 sont prévus pour le premier cycle de l’université et 1000 pour l’enseignement agricole. Au final, le chiffre de 54 000, pour le public et le privé (1), correspond à la réalité promise. Lui-même se décompose en :
– 26 000 stagiaires, qui correspondent au financement des postes budgétaires sur lesquels seront affectés les enseignants stagiaires suite à leur recrutement. Ces postes créeront des moyens d’enseignement à hauteur de la durée des stages en responsabilité par rapport au temps de formation en Espe (13 000 si 50% de temps en classe, 6 500 si 25%…) ;
– 7 000 postes pour le second degré, dont 4 000 pour lutter contre le décrochage en LP et en collège ;
– 14 000 postes pour le premier degré, dont 7 000 pour le « plus de maîtres » et 3 000 pour la scolarisation des 2 ans.

Avec une répartition égale des emplois de stagiaires entre le premier et le second degré, ce qui surreprésente le premier au détriment du second, tout compris le primaire public bénéficierait d’au mieux 27 000 postes auxquels il faudra retrancher ceux accordés au privé pour compenser les 26 416 suppressions des années Sarkozy. La réparation du saccage de l’école n’est donc pas assurée.

En se limitant seulement à reprendre les priorités gouvernementales actuelles et à en faire bénéficier toutes les écoles, la création de postes est autrement plus ambitieuse. Alléger les effectifs à 25 élèves maximum dans toutes les classes, scolariser les 2 ans à hauteur du taux de 2001 et permettre à chaque classe de bénéficier d’un maître supplémentaire une journée par semaine nécessiterait la création de 80 000 postes. Et cela ne couterait qu’à peine plus de 10% de l’énorme cadeau fiscal donné au patronat, à travers les 20 milliards du « pacte de compétitivité ».

Y aura-t-il 3000 créations de postes en septembre ?

La création de 3000 postes à la rentrée 2013, seconde rentrée depuis le changement de gouvernement, est compromise. Ces créations dépendent de la contractualisation à tiers temps en classe de 9 000 admissibles au concours exceptionnel de juin 2013 au niveau M1. Un tiers temps d’enseignement étant complexe à organiser hebdomadairement, des départements ont fait le choix du quart temps, diminuant d’autant les moyens d’enseignement. Pour l’instant les remontées de carte scolaire montrent une grande prudence des Dasen. Ils n’ont pas affecté l’intégralité de leur dotation, loin de là, et se sont constitués de grandes réserves de postes, postes qui ne seront peut-être pas disponibles à la rentrée…

Le remplacement des enseignants des écoles partants en retraite par les 8 600 recrutements du concours Chatel est également mal engagé. Ces postes, dont les lauréats seront en responsabilité dès la rentrée 2013 (ou un peu plus tard selon les possibilités de chaque département en moyen de remplacement pour leur fournir un ersatz de formation) risquent fort de ne pas tous être pourvus, notamment dans les académies de Paris, Créteil, Versailles, Amiens… Il faudra alors faire appel à des contractuels en nombre important pour pourvoir aux besoins ou réformer en profondeur et de toute urgence les modalités de recours à la liste complémentaire.

La rentrée 2013 risque donc de se faire dans des conditions quasi-inchangées par rapport à la précédente, hormis une poussée démographique sous estimée et le recours à la précarité en plus. Les moyens de remplacement seront augmentés à la marge, les effectifs dans les classes ne diminueront pas, les Rased resteront exangues, quelques postes « plus de maîtres » et scolarisation des 2 ans seront créés…

Pas vraiment le changement annoncé pour cette seconde rentrée organisée par le nouveau gouvernement !

(1) Alors que la règle établie attribuait 20% des emplois au privé, il n’a subit que 6 783 suppressions de postes durant les années Sarkozy, soit moins de 10% des suppressions totales.