Critiques de livres jeunesse

100 albums jeunesse

Pour vivre ensemble, riches de nos différences

L’association « L’atelier des merveilles » qui organise dans la petite ville du Teil, en Ardèche, des « goûters-lectures », récidive en publiant une nouvelle plaquette bibliographique recensant 100 albums « pour vivre ensemble, riches de nos différences ».

Comme pour la précédente(1), chaque album cité fait l’objet d’une courte présentation sous la reproduction de la jaquette. « Lutter contre les discriminations, c’est accueillir l’autre dans sa différence. C’est aussi apprendre dès le plus jeune âge à percevoir la personne entière dans son humanité plutôt que par une des parties qui la constituent », explique la préface.
Les livres sont classés par thèmes : « la peur de l’autre… la rencontre », « devoir de mémoire », « métissages », « aimer qui on veut », « le vilain petit canard », « hors normes », « tous pareils… tous pas pareils »… Bien sûr, l’égalité homme-femme est aussi abordée de même que l’exclusion sociale reliée à la solidarité qu’elle devrait engendrer.

Les albums chroniqués datent pour la plupart des trois dernières années.
Cette attrayante plaquette ne saurait manquer de rendre service aux enseignants et plus largement à tous ceux qui s’intéressent aux albums. Elle est accessible en ligne sur le blog de l’association : ateliermerveille.canalblog.com et disponible sur demande auprès des préfectures de Drôme et Ardèche (service DDCS). ●

Stéphane Moulain

1) Une précédente plaquette du même genre est parue en septembre 2009 :
« Pour l’égalité entre filles et garçons, 100 albums jeunesse ».
Voir L’Ecole Emancipée n°19, sept-octobre 2009.

Poésie en liberté

L’Albatros de Baudelaire, voilà un bien grand poème. Cette culture classique à laquelle il se rattache en tant qu’incontournable des récitations d’école est-elle devenue simple référence désincarnée, poésie scolaire morte, ou bien vraiment une œuvre vivante encore capable de nous transporter ? Alain Serres en penche visiblement pour la deuxième proposition et il le clame dans cette histoire amusante racon­tée avec émotion dans des pages plei-
nes des illustrations lumineuses de Pef.

Chez lui, le petit Charles s’est bien entraîné à réciter la poésie. Il pense maîtriser le texte. Il faut dire qu’il partage avec Baudelaire son prénom, ce qui l’oblige – croit-il- à être excellent en poésie. Hélas, le jour dit, à l’école et sous le regard inquisiteur et intimidant du maître, il n’est pas à la hauteur, il cafouille et a du mal à aligner les premiers vers tandis que ses camarades rigolent. Mais Charles réussit à retrouver la musicalité du poème dont il se sent redevenir « le fier capitaine » au point de se sentir, sous le regard ensoleillé de Magali, devenir lui-même poète. Et Charles de se laisser aller « sans gêne mais non sans génie » à improviser des vers de son crue devant ses camarades et le maître, médusés. Le livre s’achève sur les deux poèmes, celui de Baudelaire et celui de l’autre Charles, naïf et drôle.

Une bien plaisante façon d’illustrer l’éternelle force de subversion de la poésie, n’en déplaise aux contempteurs de la culture et parce que « la poésie doit être faite par tous. Non par un. » comme disait Lautréamont. Pour les plus grands du primaire et au-delà.●

Stéphane Moulain

Alain Serres, Pef, J’ai oublié ma poésie,
Rue-du-Monde, 13 euros.

Poésies
toujours…

Les éditions Rue-du-Monde veulent défendre et promouvoir la poésie et à cette préoccupation correspond récemment la publication de plusieurs livres. Outre celui chroniqué ci-dessus, signalons l’album pour tout petits Pom Pom poèmes qui voit de nombreux extraits de textes poétiques insérés dans les pages aux couleurs lumineuses et gaies de Candice Hayat. Explosion de scènes folles et drôles, fourmillant de personnages et animaux bigarrés, chaque double page est consacré à un thème différent (la pluie, la nuit, le jardin, les grosses bêtes…) comme autant de prétextes à citer des bouts de poèmes enchanteresses d’auteurs aussi divers que Verlaine et Roland Topor, Victor Hugo et Tristan Tzara, Garcia Lorca et Francis Jammes… Un instrument utile pour montrer que la poésie est tout à fait accessible aux plus petits et ce de manière ludique et joyeuse. ●

SM

Alain Serres et Candice Hayat, Pom pom poème, Rue-du-Monde, 18 euros.