Formation des enseignants : reprendre la main !

Les questions d’éducation et notamment de formation sont en première ligne
de la campagne présidentielle. Beaucoup de choses sont dites et dans la cacophonie,
la nécessité d’une parole claire de la FSU sur le sujet se fait sentir.

Jean Michel Jolion (Comité de suivi du master) enfonce des portes ouvertes et nous donne encore plus d’arguments pour le retrait de la réforme de la formation. Lui-même reconnaît que les masters en alternance sont un moyen détourné de constituer un vivier de vacataires. La CDIUFM, dans ses 22 propositions, n’évoque pas le concours et n’a donc pas à se prononcer sur sa place éventuelle. Pas très courageux ! Jacques Grosperrin (UMP) veut faire disparaître les concours. Pour parfaire son formatage des enseignants au socle commun, il souhaite établir la liste officielle des pratiques pédagogiques opposables ! Quid de la liberté pédagogique ?! Vincent Peillon (PS) évoque les pré-recrutements mais aussi un possible décrochage entre premier et second degré sur la place du concours. Inacceptable !

S’ajoute à tout cela la proposition de loi Grosperrin qui pulvérise les IUFM du paysage de la formation des enseignants et ouvre grand la porte aux officines privées. Il était plus que temps de réagir ! La seule chose qui fasse l’unanimité, y compris pour la Cour des comptes, c’est que la situation actuelle est catastrophique. A nous donc de nous saisir du débat et d’avancer nos propositions. Oui, mais lesquelles ?

Au boulot la FSU

La FSU a le plus grand mal à cons­truire une synthèse. Guerre de pouvoir entre deux gros syndicats qui n’arrivent pas à s’entendre, dans tous les sens du terme, et difficulté aussi à concilier des mandats de concours sous condition de licence et d’autres de recrutement après le master. Un grand écart qui a demandé de nombreux mois d’assouplissements, d’étirements, de tiraillements aussi ! Le SNES-FSU et le SNESUP-FSU sont en période de congrès national et tentent, sans renoncer à leurs mandats propres, d’en construire qui ne feraient pas blocage dans la fédération. Reste au SNUipp-FSU à faire aussi un pas. Un séminaire interne FSU s’est tenu le 2 février, avec l’ordre du jour : les pré-recrutements ; la place du concours et les différentes voies d’accès au métier ; l’alternance formation-stages en master.

La réflexion a été menée à partir du schéma des 3 voies de recrutement dont la première version avait été proposée par le SNEP-FSU il y a plus de deux ans. L’Ecole émancipée avait travaillé cette hypothèse et donné son avis et ses propositions l’an dernier. En avril, les syndicats SNES-FSU, SNEP-FSU, SNUEP-FSU, SNETAP-FSU et SNPI-FSU avaient signé un courrier au ministère faisant leurs la proposition des 3 voies. On s’acheminerait vers un consensus : une voie permettant un recrutement par validation des acquis professionnels, une voie permettant un recrutement suite à un master « classique » et une voie dite précoce ou principale, permettant des pré-recrutements conséquents dès la fin de L3. Par ailleurs, pour la première fois dans la FSU, la question des pré-recrutements a été travaillée. Il reste à définir quelques points, et non des moindres, mais au moins sont-ils posés : sur quels critères (sociaux, académiques) ? A quel niveau ? Selon quelles modalités (concours, dossiers) enfin, l’alternance, elle, met tout le monde d’accord : rejet d’une pseudo-alternance qui n’est là que pour utiliser les étudiants comme moyens d’enseignement et accord sur le fait qu’une formation correcte doit aller vers une prise de responsabilité progressive.

Mastérisation, piège à cons !

Oui, c’était une grosse erreur de croire au miroir aux alouettes et de ne pas
s’opposer fermement et fédéralement à la réforme de la mastérisation. Oui, c’était une grosse erreur aussi de faire de
l’angélisme et de ne pas s’opposer fédéralement aux masters en alternance qui ne sont conçus que pour utiliser les étudiants comme moyens de remplacement.

Des bourdes ont été faites et tant qu’on y est, essayons de ne pas les renouveler !

A quelques semaines de l’échéance des présidentielles, la FSU pourrait enfin sortir, par le haut, du bourbier dans lequel elle s’enlisait sur la question de la formation des enseignants. Elle doit reprendre la main, avancer ses propositions sur la formation des enseignants et se battre pour une tout autre conception de la
formation des enseignants, la sienne ! ●

Jérôme Falicon, Mylène Denizot, SNUipp-FSU