Jérome Falicon : Un premier bilan de la politique éducative à mi-mandat

Il est de tradition, à mi-mandat d’une législature, de tirer un premier bilan. Après le premier soulagement d’être débarrassé du gouvernement précédent, deux premières mesures ne pouvaient que nous réjouir : la suppression du projet de texte sur l’évaluation des enseignants et celle du jour de carence pour les fonctionnaires.

Malheureusement, du côté des mesures positives et malgré la mise en route d’une apparence de dialogue social, nous avons commencé à déchanter. À Saint Malo, nous avons déjà écrit que « la loi proposée n’est ni une refondation, ni une rupture nette avec les politiques précédente. » La partie programmation de la loi et ses 54000 postes pouvait laisser quelque espoir, 3 ministres plus tard, on a vu ce qu’il en était et les difficultés de recrutement, la réforme calamiteuse de la formation initiale et la hausse démographique ont réduit cet espoir à néant. Les taux d’encadrement ne sont pas améliorés, le nombre d’élèves par classe augmente, les mesures reprises de nos mandats (plus de maîtres que de classes, scolarisation des moins de trois ans…) ont non seulement été dévoyées par le profilage de postes, l’appel à projet obligatoire…, mais ne peuvent même pas être déployées à hauteur des prévisions.

Je passe ici sur la réforme des rythmes périscolaires.

On attendait aussi une réintroduction d’une vraie formation continue, nous avons eu m@gister. On attendait une vraie politique de l’éducation prioritaire qui redonne du souffle, nous avons eu un redéploiement à moyens constants. On attendait une politique de pré-recrutements permettant de recruter plus et plus largement, nous avons eu les EAP, la pénurie et le développement de la précarité. On attendait une formation initiale rémunérée et de qualité, nous avons eu les ESPE et une diminution du premier salaire. On attendait une nette amélioration du remplacement, nous avons eu une dégradation. On attendait enfin une revalorisation salariale, nous avons eu la poursuite du gel du point d’indice et la création de l’ISAE qui ne la compense même pas sur une année… On attendait donc beaucoup de mesures qui avaient le grave défaut d’avoir un coût budgétaire et qui ne pouvaient donc entrer dans le cadre de la politique d’austérité qui continue et n’épargne évidemment pas l’école.

Mais nous attendions aussi des mesures qui ne coutaient rien. La suppression du SMA qui reste une atteinte intolérable au droit de grève, la possibilité de rencontrer de nouveau les collègues sur l’ensemble du temps de service, le retour à des règles de mobilité qui donne la possibilité à chacun de nos collègue d’obtenir l’affectation de son choix dans un délai raisonnable… et surtout, nos collègues attendaient avec nous que les pressions insupportables générées par le management mis en place sous la droite dure cessent. Ces mesures-là ne coutent rien et pourtant aucune d’entre elles n’a obtenu le commencement d’une réponse.

Il faut se rendre à l’évidence : les évolutions du système éducatif en cours deviennent structurelles. Pensons-nous vraiment que la précarité qui se développe dans notre champ va diminuer ? Pensons-nous vraiment que la gouvernance de l’école va devenir bienveillante ? Pensons-nous vraiment qu’une formation continue sur le temps de travail va réapparaître ?
On pourrait multiplier les exemples, mais la réponse est non, bien évidemment, non, pas sans combat.