Intervention d’Olivier Sillam sur la répression dont il fait l’objet

Nous vivons dans un monde oppressant Le 9 mai dernier j’ai été violemment interpellé à Nice ainsi que trois autres personnes à la fin d’une manif fonction publique qui s’était déroulée dans le calme. Pourquoi ? En tout début de manif on voit des drapeaux du syndicat policier d’extrême droite Alliance. Deux jeunes de Solidaires étudiant-es vont les voir et leur disent que compte tenu ce qu’ils représentent ils n’étaient pas les bienvenu-es. C’est tout. A l’intersyndicale qui a préparé la manif entre les 9 orgas de la FP, la FSU était au milieu suivie de la CFDT et la CGC à laquelle est affilié Alliance à la fin. Pourtant, au milieu de la manif, alors que j’ai toujours passé celle-ci à la fin du cortège FSU, je me retrouve avec quatre militant-es d’Alliance juste derrière moi. J’ai alors sortit deux slogans : « Police partout, justice nulle part » (phrase prononcée par Victor Hugo en 1851 pour qualifier le gouvernement de Louis-Napoléon Bonaparte) et « Ils tirent au LBD, à bas les condés, ils tuent, ils blessent, à bas les CRS », slogan entendu dans une manif à Paris dans divers cortèges politiques et syndicaux. Les deux jeunes ont été interpellés sans que personne ne le sache. Deux policiers de la BAC sont venu-es en fin de manif me demander mes papiers (que je leur ait donnés) en m’expliquant que « ils tirent au LBD… » est un outrage puis décident de m‘embarquer. Je lève les bras en l’air en appelant à l’aide. Je me fais violemment plaquer au sol avec trois policiers sur mon dos. Je suffoquais, j’étouffais et j’ai pensé à Adama mort dans des conditions similaires trois ans plus tôt. Ils m’ont embarqué avec les deux jeunes et une autre militante au commissariat avec GAV de 24h. Ils ont essayé de me coller « menaces de mort » pour « À bas » orthographié en « abattre » ! Tout mon lycée a débrayé et s’est pointé devant le commissariat. Finalement je suis poursuivi pour « outrage, rébellion et violence ». J’ai eu de nombreuses ecchymoses, dix jours d’arrêt et un médecin légiste m’a mis 3 jour d’ITT. Nous passons au tribunal à Nice jeudi 19 février à 8h30. La FSU 06 a posé un préavis de grève et mes frais d’avocats sont pris en charge par le SNES. Une cagnotte existe pour les frais des trois autres. Mais ce monde est oppressant et la police ne voulait pas me lâcher. Lors de la dernière marche des fiertés à le 27 juillet à Nice, j’étais dans un cortège de lutte (FSU, Solidaires, CGT, PCF, NPA, Aides…) quand certain-es ont reconnu le commissaire Souchi qui est responsable de la charge qui failli être fatale à Geneviève Legay le 23 mars dernier. Aussitôt le cortège lance « Souchi en prison » que je reprend au mégaphone. On a aussi sortit « Plus de cuni, moins de souchi ». Deux semaines plus tard, je suis convoqué au commissariat. Je m’y rend avec mon avocat et suis mis en garde à vue avec perquisition chez moi où m’est confisqués et mis sous scellés le mégaphone et un drapeau LGBT de la FSU !!![[Reproduit dans le logo ci-dessus]]. Je suis à nouveau poursuivi pour outrage envers ce commissaire où me sont reprochés les deux slogans cités plus un « Souchi assassin » que je n’ai pas dit, et subit un deuxième procès le 22 avril à Grasse. Pourquoi cet acharnement ? Ma grande gueule et le fait que dans les manifs GJ je les appelés à la désertion, à désobéir aux ordres en rappelant que « policier, sous l’uniforme tu restes un salarié ». Alors oui ce monde est oppressant En 1970, Dans « Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon », Elio Pétri faisait dire à Gian Maria Volontè, qui joue le rôle du chef de la police politique italienne, qu’il n’y a pas de différence entre un délinquant et un militant politique. C’était l’Italie des années de plomb. Peut-être sommes-nous entré-es nous aussi dans des années de plomb avec un pouvoir autoritaire qui n’a que la répression comme remède à la contestation sociale.

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