Evaluer les élèves, les enseignants ou le système ?

Cela a commencé par la réforme des évaluations nationales qui de “diagnostiques” sont passées à “bilan”. Dans la foulée, le ministère a inscrit dans le préambule des programmes de 2008 le principe d’évaluation des enseignants sur la base des résultats de leurs élèves. Il a ensuite tenté d’imposer des évaluations “dépistage” en maternelle. Depuis l’année dernière, il expérimente le LPC, lourde machine importée du milieu de l’entreprise privée. Et cette année, il est en passe de publier un décret pour de nouvelles modalités d’évaluations des enseignants, plus arbitraires encore que le système existant. Tout ceci sans aucune concertation et dans une même logique cohérente : il ne s’agit plus de porter un regard sur les élèves pour identifier leurs difficultés et chercher comment y remédier, ni d’aider les enseignants à progresser dans leur pratique, mais de détecter les élèves et les professionnels “talentueux” ou “méritants” pour répartir les budgets. C’est ce que l’on appelle “piloter le système par les résultats”. C’est une fois de plus une profonde remise en question des missions du service public d’Education à la française hérité de l’après guerre et fondé sur des valeurs d’égalité des droits et de solidarité.

Grèves, communications aux parents, expressions publiques, réseaux de résistance, les enseignants s’organisent pour résister à cette vision de l’école qui s’éloigne de l’éthique.