L’avenir sera ce que nous allons en faire

A l’ouest, du nouveau

Alors que Macron est un des derniers à tenter de nous « vendre » la théorie du ruissellement, de l’autre côté de l’Atlantique se déploie un plan massif d’investissements publics en faveur des infrastructures, de la santé, de l’éducation et de la lutte contre le réchauffement climatique. Pour cela, Joe Biden ne renonce pas à augmenter la pression fiscale sur les riches comme sur les sociétés.

Pendant ce temps, Macron s’arc-boute sur l’ISF continuant à faire croire que les riches investiraient ainsi ailleurs que dans le capitalisme financier. De leur côté, les entreprises du CAC 40 prévoient 51 milliards de dividende cette année et 51 milliards c’est, par exemple, 960 000 personnels des hôpitaux publics en plus.
Quelles que soient nos analyses de la politique des démocrates étasuniens et sa capacité à sortir de la crise dans le cadre du capitalisme, l’option choisie est à 180 degrés de celle du gouvernement Macron et renforce l’idée que le monde de demain a besoin de services publics, de protection sociale et d’un nouveau modèle durable et respectueux de l’environnement.

Par ailleurs, l’annonce de l’administration étasunienne sur la levée de la propriété intellectuelle sur les vaccins, tandis que le chiffre d’affaires de Pfizer et Moderna explose, a pris de court Macron et les dirigeant.es européen.nes. Le discours opportuniste de façade qui en découle ne permet pas de consacrer les moyens nécessaires dans l’appareil de production pour le démultiplier ni de contraindre les big pharmas à un transfert massif de technologie, deux conditions indispensables pour permettre aux vaccins contre le COVID d’être enfin des biens communs de l’humanité.

Pendant la crise sanitaire, le démantèlement du contrat social se poursuit
Malgré la multiplication des fermetures d’usines ou d’entreprises et la menace sociale sur des centaines de milliers d’emplois, la contre-réforme de l’assurance chômage se poursuit. Elle prévoit une perte de droit pour 66 % des allocataires et une baisse de 20 % des allocations pour 800 000 personnes, tandis que la contre-réforme des retraites reste à l’agenda du gouvernement.
Ces choix allant à l’encontre de l’intérêt général de la population s’accompagnent d’une dérive autoritaire et sécuritaire du gouvernement avec la mise en avant des thèmes d’extrême-droite à travers la loi séparatisme, l’instrumentalisation de la laïcité ou la question migratoire.
Ces choix sociaux et politiques délibérés disqualifient totalement Macron pour faire reculer le RN.

Face à la crise, le mouvement social et ses responsabilités

Le premier mai dernier a montré dans cette période compliquée une réelle vitalité du mouvement social. Les chiffres de manifestant-es, bien qu’encore insuffisants au regard des enjeux et du rapport de force à instaurer, ont été encourageants et ont démenti les plus incrédules sur la disponibilité revendicative. Il n’en reste pas moins que les fins de manifestations de Paris, Lyon ou Nantes sont les symptômes d’une situation qui doit nous interpeller au-delà des condamnations absolument indispensables des agresseurs et agresseuses et qui nécessite l’affirmation de solidarité avec les militant-es de la CGT. Cela est symptomatique d’un climat confusionniste et de l’avancée inquiétante de l’extrême-droitisation des esprits dans ce pays.
Dans ce contexte, et à un an des élections présidentielles, il y a une responsabilité syndicale à faire de la question sociale un sujet incontournable. Emploi, salaires, protection sociale, services publics… nous devons porter ces questions et surtout offrir les espaces pour qu’elles s’incarnent. Il n’y a plus de place pour les tergiversations.

Mobiliser autour de notre plan d’urgence pour l’école

La responsabilité particulière dans l’éducation est immense. Le SNUipp-FSU doit être à l’offensive autour de son plan d’urgence pour rappeler que le premier des investissements c’est l’investissement dans notre jeunesse. Pour cela il faut créer les postes nécessaires, il faut abaisser le nombre d’élèves par classe, rétablir les Rased et les « plus de maîtres », augmenter les salaires, en particulier en début de carrière…
On connaît les obstacles : la situation sanitaire, le climat autoritaire, la démoralisation et l’atomisation d’une fraction populaire de la population, la faiblesse des perspectives collectives alternatives. Pourtant être volontariste et offensif est la seule option qui offre une chance d’affaiblir en même temps les libéraux et le RN, de mettre en avant la question sociale et nos revendications. Et cela, il faut le tenter avant les dernières longueurs de la campagne présidentielle qui, généralement, inhibe le mouvement social.
Pour toutes ces raisons de contexte, mais aussi parce que le plan d’urgence pour l’éducation comme les services publics est une nécessité vitale pour les couches populaires qui ne pourra se réaliser que sur la base d’un rapport de force social important, le SNUipp et la FSU, doivent participer à construire les cadres interprofessionnels sans renoncer ou perdre leur capacité à mobiliser dans les champs où nous avons de l’influence.

Voilà pourquoi il est important d’avoir une journée de grève sur les questions budgétaires et sanitaires annoncée très rapidement au mois de juin pour imposer une rentrée scolaire dans des conditions satisfaisantes. Cela permettra aussi de lancer dès ce printemps les ponts sur des mobilisations lors de la rentrée sociale prochaine.

Le syndicalisme a besoin de redonner de l’espoir. Dans notre champ mais aussi sur la transition environnementale, sur la défense des droits. C’est une solution pour éviter le face à face mortifère entre la LREM et le RN.